Mort et fatalité

Je me permets d'écrire quelques courtes lignes (sans divulgâchis) pour expliquer rapidement pourquoi Jujutsu Kaisen est un grand manga (après lecture des 152 premiers chapitres), étant donné qu'il est quelque peu oublié sur le site (dites vous que sur MyAnimeList Jujutsu Kaisen a plus de notes que Dragon ball, sur SensCritique il en a 150 fois moins) alors qu'il est numéro 1 des ventes en 2021 et que l'on ne cesse d'en entendre parler sur les réseaux sociaux. J'étofferai tout ceci quand le manga sera terminé (si la fin est à la hauteur) et que j'aurais exploré l’œuvre dans ses moindres recoins tant le récit est riche en possibilités d'analyse. Les scans du manga sont à lire de préférence en VA officielle, la fan traduction française faite par Scantrad étant une catastrophe qui rend le manga incompréhensible.

L'instinct des malédictions et la dignité des humains obtenue grâce à la raison. Lequel des deux subsistera dans 100 ans ? C'est ce combat là qui se passe en ce moment !

Il suffisait de regarder avec un minimum d’intérêt la première saison de l'anime pour percevoir tout le talent de Gege Akutami en terme d'écriture, en lisant la suite on comprend alors que nous n'en avions qu'un maigre échantillon.

Avec Jujutsu Kaisen, l'auteur réussit à construire son histoire en prenant tout plein d’éléments déjà utilisés ailleurs pour les exploiter avec ingéniosité et leur insuffle une identité propre s’inscrivant dans la logique de fond et de forme de son œuvre, n’hésitant pas à souvent casser les codes.

• Thématiques en lien avec la mort et la nature humaine hyper intéressantes et densément exploitées.
• Intelligence, complexité et surtout maîtrise absolue de l’histoire qui offre au récit une solidité quasi sans failles (cet aspect-là fait beaucoup penser à Fullmetal Alchimist).
• Personnages aux personnalités riches et à la psychologie torturée (les dynamiques entre eux sont un pur régal).
• Humour rafraichissant contrastant merveilleusement bien avec la noirceur viscérale de l’ambiance.
• Arcs ambitieux de légende : Shibuya on se tait et on admire (soyons honnêtes c’est un des meilleurs arcs de manga de tous les temps) et la préparation de l’arc qui suit n’en parlons pas, ça m’a bousillé le cerveau.
• Antagonistes atypiques et charismatiques.
• Souffle épique démentiel.
• Stratégie, inventivité et profondeur dans les combats.
• Nombreuses références symboliques ou allégoriques au folkore japonais et à la religion Bouddhiste, qui donnent une aura mystique à l'histoire.
• Moments chocs et émotions fortes (certaines scènes vous marqueront à jamais tant elles sont bien amenées et présentées, rares sont les nekketsu à être allé aussi loin sur ce plan là).

Tant d'immenses qualités qui font de ce manga une œuvre totale scénaristiquement parlant.

Il est cependant fortement dommage que le dessin soit si brouillon la plupart du temps, voire carrément absent (Il y a de nombreuses pages entières avec que des bulles de dialogues), heureusement le découpage et la mise en scène sauvent la lisibilité. De plus, la narration va parfois trop vite, quelques transitions ou développements plus posés seraient les bienvenues, mais bon tout ceci paraît dérisoire tant l’écriture des personnages et leur insertion dans ce scénario de malade mental côtoient les sommets.

N'ayons pas peur de le dire : on est devant un shonen nekketsu qui peut allégrement s’assoir à la table des plus grands du genre, loin, très loin des standards codifiés et aseptisés (Kimetsu no Yaiba et Black clover oui oui je parle entre autres de vous) auxquels nous sommes habitués.

8,5/10