What the Schtroumpf ! Gros dodo, tchoutchou, SaPrûle, Schtroumpher&Eliott et une taupe

La note est la moyenne des 5 histoires.


1) L'Etrange réveil de Schtroumpf paresseux ( 8/10)


Excellente première histoire de l'album, L'Etrange réveil de Schtroumpf paresseux s'inspire autant du Coran que de certains lais et contes médiévaux, reprenant le lieu commun du sommeil centenaire d'un individu qui, réveillé, est confronté à un monde qui a changé sans lui quand il pensait n'avoir dormi que quelques heures. Ce lieu commun se trouve détourné pour une farce faite à Schtroumpf paresseux.
Si la plaisanterie et la contre-plaisanterie font éclat, reste que la fin de l'histoire, dont le seul but est de faire intervenir Gargamel, est bien amenée mais bien peu nécessaire.


2) Le Train des Schtroumpfs (8/10)


Cette seconde histoire est exactement ce qu'on peut attendre d'une histoire des Schtroumpfs.
La société des lutins bleus restant une parodie de société expérimentale platonicienne, il est toujours intéressant de la mettre en scène créant quelque chose.
Cette fois, c'est le train.
Le train dont on nous montre tant les bienfaits que les inconvénients. Invention basique, si ce n'est préhistorique, pour notre époque qui reprend naissance sous nos yeux, nous invitant à l'expérimenter avec les Schtroumpfs: voie, tunnel, confort, tout y est. Mais Gargamel y rajoute une fausse voie menant chez lui et cherche à exploiter la véritable voie pour trouver sans guide le village des Schtroumpfs !
Les vrais défauts de cette histoire sont le deus ex machina du Grand Schtroumpf qui facilite la résolution d'une péripétie finale ainsi que l'idée d'une voie tournant autour d'un arbre, prétexte douteux pour expliquer que les rails ne vont pas jusqu'au village des Schtroumpfs. Comment donc font les Schtroumpfs pour schtroumpfer le train? Hic jacet lepus.


3) Le Schtroumpf et son dragon (6/10)


                         **ATTENTION ! ATTENTION !**

Le troisième récit, bien que très attachant, est très problématique !


Prévenant la Croisée des mondes, il attribue à chaque Schtroumpf son animal: il y a rupture de continuité de l'histoire car cette nouveauté n'apparaît pas avant et ne réapparaîtra pas après. Nous sommes donc dans un monde parallèle des Schtroumpfs où Peyo rencontre un Pullman à venir.
Suivant Peter et Eliott le dragon, il narre les amitiés malheureuses d'un nouveau Schtroumpf, Schtroumpf timide, qui adopte un petit dragon qui a perdu ses parents.
Clairement réservé aux petits et aux grands enfants, ce récit n'a pas de lecture autre que sa lecture naïve.
Réussi, il l'est pourtant moins que bien d'autres et sacrifie pour sa cause unique la continuité de l'ensemble de la série. On remet en scène d'ailleurs, comme pour l'affirmer par l'exception confirmant la règle, le Schtroumpf nature - doublet inutile du Schtroumpf paysan issu des Ptits Schtroumpfs - et son papillon.


4) Les Schtroumpfs pompiers (6/10)


Partant d'une bonne idée - un feu propagé dans le village amène le Grand Schtroumpf à constituer une équipe de pompiers -, cette quatrième histoire est plus une charge contre les pompiers qu'une représentation équilibrée à l'instar du Train des Schtroumpfs. Cela permet certes d'excellents gags à répétition.
Plus source de tracas que véritable service public, l'équipe de pompiers est inutile voire dangereuse et totalitaire, allant jusqu'à forcer les Schtroumpfs à faire des grillades hors du village. Ce qui n'est pas sans titiller Gargamel, pris soudain d'une lubie folle et peu écologique: faire brûler la forêt ! Ce Gargamel délirant, aux allures démoniaques, n'est pas sans faire rire.
Si Peyo crée un adversaire de choix pour les Schtroumpfs pompiers, le Gargamel pyromane, c'est pourtant le Grand Schtroumpf et une girouette magique, ersatz de la machine météorologique du Schtroumpf bricoleur dans le sixième album mais plus positif car non prométhéen, qui lance un retour de flamme vers l'envoyeur puis éteint le tout alternant pluie et beau temps.
Les héros éponymes sont donc inutiles et l'on se demande finalement si ce récit s'imposait.


5) Une taupe chez les Schtroumpfs (7/10)


Plus simple, plus courte mais peut-être aussi plus efficace, renouant avec le récit illustrant et jouant sur le sens d'une expression populaire, cette dernière histoire est un joli récit sur la dignité et l'altérité.
Prenant au pied de la lettre la comparaison "myope comme une taupe", il associe une taupe bigleuse qui fait ses trous aux plus mauvais endroits - en plein village schtroumpf ou juste devant le taupicide expert nommé Gargamel - et le Schtroumpf à lunettes qui n'est plus vu en tant que moralisateur mais en tant que malvoyant. (On notera que ce dernier Schtroumpf a troqué son corbeau moralisateur du Schtroumpf et son dragon contre une taupe qu'il n'a pas choisi de prendre avec lui)
Peyo sensibilise au caractère déplacé du rire mordant les personnes diminuées, Schtroumpf farceur se heurtant à d'autres Schtroumpfs qui ne le trouvent pas drôle, et à la notion de dignité qui permet aux Schtroumpfs de comprendre le problème de la taupe.
Une belle clôture d'album.

Frenhofer
7
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le 30 mars 2016

Critique lue 483 fois

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Frenhofer

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