Ce troisième tome des aventures d'Elijah Stern clôt la triologie de la ville de Morrison (et peut-être la saga). Après un premier tome assez sombre, tourné vers le passé de Lenny et traversé par la présence dégingandée de son protagoniste, le second tome offrait un scénario burlesque à surenchère mâtiné de comédie romantique décalée. Les Maffre utilisaient le contexte du western pour raconter les hommes. Et ils le faisaient avec talent, humour et sensibilité.


Ici, le titre l'annonce, ils ont décidé, enfin, de nous plonger dans le Western, le vrai. Comme si les deux premiers tomes n'étaient que des mises en bouche (de sacrés amuses-gueules quand même !).


Morrison s'était jusqu'alors contenté d'un passé lié à la guerre de sécession et d'une épidémie de Typhus. Pour le reste, c'était une ville sans histoire. Et c'est autour de cette opposition entre Morrison et l'Ouest, le vrai, que les Maffre construisent leur récit.


Quand Colorado Cobb, aventurier notoire aux ennemis multiples, vient dédicacer son bouquin au General Store de Morrison, il apporte avec lui l'Ouest, le vrai, violent, implacable, injuste. L'Ouest, le vrai, celui qui révèle la violence, la lâcheté, l'honneur, bref celui qui montre quel humain vous êtes.


On assiste dans un premier temps à l'intrusion de l'Ouest, le vrai, dans la bourgade de Morrison, plus intéressée par la continuité du service public et les problèmes de chauffage dans l'école que par l'univers impitoyable des Western à l'ancienne.


Puis, petit à petit, dans un glissement inéluctable, Morrison devient l'Ouest, le vrai, sauvage, sans foi, ni loi, où seules comptent la survie et la force. Morrison sera-t-elle engloutie par l'apocalypse à laquelle Colorado Cobb et ses poursuivants ont voué leurs âmes ? Seuls ces habitants en détiennent la réponse. Cette réponse, elle est dans le pardon de la mutilée, dans le geste de la maîtresse d'école, dans la mort d'un artiste et dans le départ d'un fonctionnaire... Elle est multiple, elle reste à écrire et l'on clôt ce tome avec amertume et un vide effroyable dans le cœur.


Car s'il y a une chose que l'on retient de ce tome crépusculaire, c'est que l'Ouest, le vrai, ne se contente pas de tuer les corps, il refroidit aussi les cœurs et corrompt les âmes.

RunningJack
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le 21 janv. 2020

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RunningJack

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