Après un tome qui posait les bases, le rythme s'accélère dans le monde de Locke and Key. La Couronne des Ombres continue à dévoiler des idées nouvelles et d'autres déjà connues. Si on ne peut qu'apprécier le dessin de Gabriel Rodriguez, toujours très subtile, beau, avec des angles recherchés et de nombreux détails, c'est Joe Hill qui surprend le plus.
En effet, après un premier tome aux allures de policier bien sombre et un second tome plus doux qui se voulait explicatif, ce troisième volet embrasse le film d'horreur.


La Couronne d'Ombre aborde plusieurs aventures frontalement. La plus important est la découverte, par Zack, de la Clef d'Ombre. Une clé qui permet, comme son nom l'indique, de maîtriser les ombres. Une des clefs les plus puissantes en sommes. Avec cette clef Zack entend bien trouver la clé Oméga et vaincre la famille Locke.
Derrière ce sentiment d'un assaut global, la position de l'histoire change encore. Les petites manipulations de Zack sont remplacées par une attaque bien frontale. Là encore, le rythme change et surprend le lecteur. Dans le même temps, les enfants Locke changent aussi et se dévoilent plus offensif. Une remise à zéro des status qui est donc très intéressante et dynamise là encore l'affrontement.
Cette histoire n'arrive, cependant, qu'après un passage dans une grotte inondée où Kinsey montre les dangers de ne plus ressentir la peur. Cette scène, peu utile pour l'intrigue, est cependant grandiose pour développer les personnages secondaires : Jamal et Scot, les deux garçons mis de côté au lycée mais en réalité des sortes d'artistes incompris qui veulent simplement profiter de la vie d'une façon différentes des autres jeunes. Jackie aussi est mise en avant, l'amie de Kinsey.


Ainsi, la Couronne des Ombres développe quelque chose de central dans Locke and Key : les personnages. Ceux-ci se retrouvent vraiment développé et ce tome fait la part belle à ce point là.
Tandis que les enfants Locke arrivent à se remettre de la mort de leur père et à se reconstruire, leur mère, Nina, elle, ne s'en sort pas. L'alcool, au début un allié, finit par devenir un ennemi qui la surplombe totalement. Elle perd pieds, ne se remettant ni de la perte de son mari, ni du viol qu'elle a subi, et ses enfants finissent par lui en vouloir de son agressivité envers eux.
Si Kinsey agit avec violence elle aussi, n'ayant plus ni peur ni tristesse, Tyler est celui qui gagne en prestance. Il n'est plus un ado prétentieux. Il avait déjà compris son rôle pour Bode, maintenant il conçoit un peu mieux à quel point le monde est dur. Se sentant pris au piège, il l'accepte un peu mieux, devient très mature et protecteur. Son rôle de père de substitution prend une part importante. La scène où sa mère le confond avec son défunt mari est très évocateur de la nouvelle position de Tyler dans la famille.
On regrettera que Bode soit mis en retrait dans ce tome même si on s'amusera du fait qu'il soit un Peter Pan (et oui, les ombres sont pleines de significations).
Deux autres personnages gagnent en complexité : Sam, l'assassin de Rendell Locke, qui est maintenant un fantôme, a bien compris que Zack est un véritable démon, dangereux. Il change donc, dans la mort, de camp. Quelque part on ne peut s'empêcher de le voir comme un « gentil ». Alors que justement, il était un assassin pervers dans le tome 1. On se rappelle ses paroles de ce même tome justement : on ne peut réduire un individu à un seul de ses choix.
Et justement, dans le même temps, Zack/Dodge est dévoilé davantage. Lui-même n'est que l'esclave d'une entité supérieure. Le mal n'est pas mal pur. On comprend d'ailleurs assez difficilement ses intentions, ses objectifs réels et son fond. On perçoit juste qu'il veut à tout prix deux clefs : la clef écho et la clef oméga.


Et là on monte d'un niveau. Par rapport au tome 1 et 2 où les clefs étaient des éléments qui apparaissaient petit à petit, ce tome se centre véritablement dessus. On comprend mieux les objectifs, mieux le système qui existe. Ce développement des clefs donne une place supplémentaire à l'univers général.


On a donc un développement des personnalités suprêmement intéressant, une ambiance sombre, un univers qui est vraiment intriguant et, en plus, un peu d'humour qui fera franchement rire.
Le tout avec un graphisme toujours haut de gamme. Que vouloir de plus ?

mavhoc
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le 28 mars 2016

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