Fabien est trop gentil. Trop gentil pour insister auprès de Mathilde pour qu'ils vivent enfin ensemble après tant d'années. Trop gentil aussi pour relever les blagues lourdaudes de ses beaux-frères sur son métier de gardien au musée du Louvre. Beaucoup, beaucoup trop gentil également pour oser dire à sa belle-famille que la peinture du "chien qui louche" de leur aïeul est une croûte sans nom et que jamais, au grand jamais, il ne sera envisageable d'espérer la faire entrer dans le musée le plus visité de France.
Seulement voilà. Après un quiproquo délicieusement pernicieux, Fabien ne peut se résoudre à être tout à fait franc sur la valeur et la véritable place du tableau de grand-père. Il aurait pu, il aurait dû...
Une histoire honnête plus vraie que nature, où se mêlent tendresse et idées reçues, où deux mondes se frôlent : un monde citadin, celui de l'art et du snobisme, alors que la plupart des visiteurs se contentent de demander l'emplacement de la Joconde ; et un monde rural, celui de la campagne bourrue où les sentiments n'ont pas de place à la table mais sont bien ancrés dans le coeur, où la générosité et l'humour cassant pétri de lieux communs sont sans limites, un monde constamment sur la défensive quand il s'agit des meubles et de son niveau de culture.
Couleur pâle, traits naïfs, tout est fait pour concentrer l'attention sur l'histoire et les rapports humains d'une justesse agréable, souvent lisse, enrobés dans les lieux communs que l'ouvrage aimerait dénoncer.
Agréable.