Le Chien qui louche
6.4
Le Chien qui louche

BD franco-belge de Étienne Davodeau (2013)

Etant un fervent et régulier visiteur du Louvre, j’aime lire la collection qui y est consacré chez Futuropolis en partenariat avec les instances du Musée. Faisant appel à de (très) grands noms de la bande-dessinée, cela reste hélas souvent des œuvres de commande où les bédéastes peinent à pleinement s’accomplir. J’avais confiance en Etienne Davodeau. Ce dernier aborde le point de vue d’un gardien de musée… Le tout pèse quand même 134 pages.

Fabien est donc agent de surveillance au Louvre. Pour la première fois, il rencontre sa belle-famille, dont les deux frères et le père sont peu commodes et très beaufs, à la tête d’une entreprise de vente de meubles. Mais un aïeul a été peintre au cours du XIXème siècle. On n’a gardé de lui qu’une toile d’un chien qui louche. Ce tableau est évidemment une croûte sans intérêt. Mais Fabien doit essayer de la faire entrer au Louvre.

Etienne Davodeau apporte vraiment sa patte au thème. Ainsi, il pose la question de la légitimité de la présence d’une œuvre au Louvre. Qui décide, comment et pourquoi ? Il amène aussi par la famille très beauf le problème de la vision de la culture par certaines personnes. On voit ainsi des gens toucher les œuvres et ne pas les respecter du tout. Quant à la culture, clairement, ils n’y comprennent rien, reprochant la nudité des statues et faisant des remarques complètement déplacées et décalées sur ce qu’ils voient.

Hélas ces réflexions ne vont pas bien loin et l’histoire part finalement dans l’absurde, voire le burlesque une fois l’apparition de la curieuse République du Louvre. Le soufflet retombe et à la fermeture de l’ouvrage, on se demande si l’auteur n’aurait pas pu aller plus loin, surtout avec une si abondante pagination. Malgré tout, la galerie de personnages est plaisante et certains dialogues truculents. Etienne Davodeau appose ton style, mais sans réellement arriver à s’approprier le sujet. C’est certainement un choix de ne pas vouloir intellectualiser trop fortement le propos.

Concernant le dessin, c’est du beau travail. Le trait dynamique est parfaitement mis en valeur par le lavis. La narration est fluide et agréable. L’auteur n’est pas n’importe qui, cela ressent tout de suite ! Et alors que le livre parle avant tout d’une peinture, c’est bien les sculptures du Louvre qui obsèdent Davodeau qui les dessine à tort et à travers. On reconnaît sans peine les œuvres, mais du coup le parallèle entre les sculptures et la peinture du chien qui louche ne se fait pas. C’est dommage, on passe peut-être à côté de quelque chose d’intéressant.

« Le chien qui louche » est un peu inégal. Si certaines scènes et dialogues sont formidables (lorsque les provinciaux découvrent qu’il y a des meubles en exposition au Louvre par exemple), mais le sens général de l’ouvrage manque un peu de substance et de réflexion. A la fermeture du livre, on a l’impression que l’auteur n’est pas allé au bout de sa démarche. Dommage.
belzaran
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le 13 déc. 2014

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belzaran

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