Le cimetière des rires

Dans ce troisième tome des aventures de Lou, Julien Neel confirme son désir de ne pas suivre les chemins que l'on attend. Après des vacances à Mortebouse dans le tome 2 et la rencontre avec Paul, charmant garçon poétique, remettant en cause son amour pour Tristan, qui a déménagé, Lou est de retour au collège. A maintenant 13 ans et en 4ème, la petite blonde n'est plus dans la même classe que Mina, sa meilleure amie.
Ce point s'ajoutant à tant d'autres (la relation entre sa mère et Richard, le déménagement de Tristan, le doute sentimental avec Tristan et Paul) fait que Lou ne sait plus où elle en est.

Ce tome colle à ce sentiment à merveille. Les teintes, pastelles, plutôt marrons, grises et roses délavées amènent le lecteur dans cet univers de fin d'enfance et de début d'adolescence. Pas de problématiques d'adolescence encore, mais vraiment la fin de l'émerveillement enfantin et la découverte de l'ennuie, du manque de motivation, du vide et de l'absence de rêve.
En somme, Julien Neel prévoit d'offrir des sentiments à ses lecteurs et il le réussit plutôt bien.

Pour autant, l'album me semble très loin d'être réussi (ma note doit le faire deviner). Déjà, sa volonté d'amener le lecteur dans un univers fait que la mise en page perd en qualité et devient beaucoup plus molle.
Le tome souffre d'ailleurs d'un gros problème de rythme, apparaissant comme lent et peu captivant. Il faut dire que Neel a quasiment entièrement renoncé à l'humour et que lorsqu'il en met en place, ça loupe. Les blagues jouent sur l'aspect répétitifs d'éléments déjà connus des lecteurs et qui semblent ici stéréotypés (la grand-mère en tête). Le rythme des blagues est bien moins maîtrisée et elles sont nettement moins imaginatives que dans le premier tome. C'est vraiment dommage car Julien Neel nous avait montré qu'il savait manier subtilement sentiments et humour et là on se concentre sur des sentiments mais sans rien autour.
On a surtout l'impression que le récit émotionnel prend le pas sur l'action et qu'à part un nouveau cadre émotionnel, rien ne change. Je pense qu'il était possible de mettre un développement scénaristique conséquent, plus d'action, plus d'humour sans perdre la formidable évolution opérée dans ce tome.

C'est donc une véritable déception : peu de rire, longueur, lenteur et inutilité quasi-totale (introduction de deux nouveaux personnages et édition du livre de la mère de Lou), on a quelques petits trucs, certes, mais à peine la moitié de ce que l'on devait attendre.
Moi qui avait été totalement séduit par Lou, ce troisième tome sonne un peu comme une douche froide.
Heureusement, la première lecture est atténuée par la seconde.