Des batailles, des victoires, des défaites

Tout un chacun le sait ou le soupçonne. La vie est un combat. Un immense combat, en plusieurs rounds, implacable et dénué de justice. Ceux qui baissent les bras ou qui l'ignorent prennent plus de coups que les autres.
C'est une vision assez pessimiste mais qui a l'avantage d'imposer du dynamisme et du mouvement. À chacun de choisir la bataille qu'il veut mener et quand. L'amour, la réussite professionnelle, personnelle, le deuil des autres, de soi, en sont autant qu'il est assez difficile de mener de front. On trouve des alliés qui se battent à un moment donné pour les mêmes valeurs. On se fait des ennemis qu'on s'imagine nous ralentir pour mieux s'élever. Tout cela dans la confusion la plus totale. Des victoires il y en aura, autant de défaites. Là n'est pas l'important. Ce qui importe est de se relever, de rester combatif, prêt à affronter cette infinie suite de combats ordinaires.

Certains dénoncent le côté beaucoup trop autobiographique et immodeste de l'oeuvre de Larcenet. Mais aurait-elle autant d'impact s'il ne s'était pas autant impliqué dans son histoire ? Son personnage aurait-il autant d'influence s'il n'était pas lui même donneur de leçons, imparfait et donc identifiable ? Car aussi éloigné qu'il puisse paraître (une très faible branche des lecteurs peut effectivement se targuer d'être un ex photographe de guerre vivant reclus avec son chat dans une maison de campagne isolée), il est si joliment humain qu'on ne peut s'empêcher de partager certaines de ses convictions tout en ayant envie de lui mettre des baffes pour d'autres. Et c'est peut-être bien là qu'est toute la force de cette oeuvre.