So british !
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le 25 janv. 2012
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BD franco-belge de Edgar P. Jacobs (1950)
[Petite précision : cette critique concerne les trois tomes, composant l'ensemble de la BD, pour les raisons que c'est le même titre, que les histoires à suivre constituent une même intrigue et parce que je suis une feignasse.]
Premier album où on voit nos deux compères. Il n’y aura pas de temps d'introduction pour faire connaissance avec eux, car tout commence sur les chapeaux de roue, rien qu'avec une apocalypse portant le doux nom de Troisième Guerre mondiale. Soufflez un peu avant de commencer à lire, le rythme va être intense. Je ne sais pas si c'est dû en partie au fait que Jacobs n'avait pas encore adopté les planches à quatre bandes, comme il le fera par la suite, en en utilisant trois, mais ça va sacrément vite.
Le premier tome qui multiplie les paysages à la même cadence que les rebondissements n'a rien à envier à un Indiana Jones. Un moment particulièrement marquant, celui de la pyramide cernée par les faisceaux lumineux ; cela en jette niveau visuel (inutile de préciser que tout l'album assure à mort à ce niveau !).
Le deuxième tome se fait plus confiné, réduit au maximum les lieux, mais n'en perd pas du tout sa puissance. Au contraire, le fait que les protagonistes et les antagonistes soient plus proches physiquement accentue la notion d'affrontement.
Le troisième et dernier tome, c'est l'acmé. C'est encore plus claustrophobe et anxiogène et, tel un sadique sachant parfaitement jouer sur nos nerfs, Jacobs ne soulagera l'esprit du lecteur, en relâchant d'un coup la pression, que dans les toutes dernières bandes.
C'est d'une lecture captivante, mais aussi épuisante. On s'aperçoit véritablement de cette dernière chose que lorsque l'on conclue enfin la BD. La tension retombe brutalement et la fatigue se ressent. Un beau tour de force.
Évidemment, on va apprendre à connaître nos deux amis tout au long de l'aventure. Mais ce ne sont pas eux les plus intéressants. Je ne vais pas faire de faux suspense à deux balles pour dire qui c'est en fait, le plus intéressant ; c'est trop évident ; le monument de charisme ici, c'est le grand antagoniste, c'est Olrik.
Lors du premier tome, on serait tenté de le voir que comme un sbire efficace et sans scrupules des méchants, des jaunes comme l'appelle l'ensemble. Un être aussi arrogant qu'intelligent au service d'une cause néfaste. Mais, dès le deuxième tome, on comprend qu'il peut être un redoutable charmeur et aussi qu'il ne sert véritablement qu'une seule cause, la sienne. Le troisième tome le montrera grand prix d'excellence dans la dissimulation, d'une ruse terrifiante, mais aussi d'un courage physique et d'un sang-froid à toute épreuve. Cet homme est le méchant rêvé. "Plus réussi sera le méchant, plus réussi sera le film" disait Hitchcock. Ben là, j'ai envie de dire "Plus réussi sera le méchant, plus réussie sera la bande dessinée" et que Le Secret de l'Espadon est sacrément réussi.
Autrement, on soulignera la pleine maîtrise du vocabulaire technique et scientifique de l'auteur qui est impressionnante et qui donne un grand vernis de réalisme à ce qu'il raconte. Cette rigueur n'a rien à envier à celle d'un Hergé ou d'un Jules Verne (à qui Jacobs ne manque pas, d'ailleurs, de faire un clin d’œil lors d'une séquence sous-marine !).
Quant au fond, il est assez pertinent l'air de rien. Il montre que si la Seconde Guerre mondiale avait débuté quelques années plus tard (donc ce qui aurait été avec la présence de l'avion de réaction et surtout de l'armement nucléaire !), les choses auraient été encore bien pires. Pour ce qui est du péril jaune, certes, il n'y a jamais eu de conflit armé avec eux pour véritablement conquérir le monde ; certes, on a plus de références aux Japonais (ce qui était dû alors à un passé traumatique plus que récent à l'époque !) qu'aux Chinois (bien que je doute que le choix de la couleur rouge pour leurs avions d'attaque soit totalement innocent !) ici, mais il n'empêche, ils sont parvenus à nous avoir avec des armes pas du tout meurtrières, mais tout aussi redoutables.
Autant dire, avec tout ça, que la série Blake et Mortimer n'a pas attendu longtemps avant d'être brillant.
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Créée
le 10 janv. 2021
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