Pour les adeptes de nouveau départ...

« Ralph Azham » a longtemps été perçu par un sous-Donjon dans la bibliographie gigantesque de Lewis Trondheim. Mais les années sont passées et le mythique projet avec Joann Sfar a connu son dénouement. « Ralph Azham » devenait ainsi la seule occasion de voir le célèbre auteur naviguer dans cet univers de fantasy. Les comparaisons ont cessé et le héros aux cheveux bleus a enfin trouvé sa voie dans la lumière du neuvième art. Ce cher Ralph a vu paraître à la fin de l’année dernière la dernière de ses aventures en date intitulée « Personne n’attrape une rivière ». Cet opus marque un nouveau départ pour la série. La quête du héros a été atteinte. Il est maintenant l’heure de trouver un nouvel équilibre de vie et de nouveaux objectifs.

Je dois commencer par vous dire que je trouve cette série assez inégale. Elle alterne des moments drôles, des bons moments avec un scénario plutôt confus. Je trouve que le fil narratif manque de clarté. Malgré tout, je me suis suffisamment fait porter par les personnages pour être curieux de voir ce qu’ils vont devenir. J’étais intrigué de connaitre par quels moyens Lewis Trondheim allait offrir une seconde vie à son histoire.

Le royaume a été débarrassé du terrible Von Syrus. Ralph possède maintenant toute une série d’artefacts qui lui offre une grande galerie de pouvoirs. Après des années de voyage pour sauver le monde, notre héros est maintenant sédentaire à la capitale Astolia. Son rôle de surintendant génère une certaine routine. Mais cette dernière va être mis à mal lorsqu’au cours d’une visite dans une contrée éloignée, Ralph se voit mis en mal par de curieux inconnus. Le voilà reparti sur les chemins d’une quête à l’issue imprévisible.

L’événement qui initie cette nouvelle époque de la saga n’est pas d’une originalité folle mais il remplit son objectif : faire naître un nouvel enjeu. Je dois dire que le fil narratif est assez classique. Ralph se fait voler. Il décide de poursuivre ses assaillants. Il a besoin d’un dragon. Il trouve un dragon. Il retrouve ses nouveaux ennemis. Un combat s’installe. Tout cela est sans surprise. Bien que cet opus soit le huitième épisode de la série, j’ai parfois eu le sentiment qu’il s’agissait du premier tant j’ai eu l’impression de découvrir l’introduction d’une nouvelle saga.

Malgré ce scénario globalement assez moyen, la lecture n’est pas désagréable. Le mystère qui enrobe ce nouvel ennemi éveille la curiosité. Celle-ci ne cesse de monter. Les dernières pages présentent un duel assez réussi à l’issue imprévisible. Ce dernier donne envie de se plonger dans le neuvième tome pour connaître la manière avec laquelle Ralph va arriver à gérer ce nouveau problème. Dommage que le plus grand plaisir de cet album soit davantage dans la projection du prochain épisode que dans ce huitième acte. J’ai trouvé la trame un petit peu diluée. En fermant l’ouvrage, j’ai eu le sentiment qu’il ne s’était pas passé pas grand-chose. Ralph enchaine les sauts de puce au cours de son voyage. L’écriture est un peu fainéante à mes yeux. La réussite de la série venait de l’utilisation décalée des codes de la fantasy. Cet aspect n’est quasiment pas exploité ici. Dans cet univers, Trondheim avait créé une galerie de personnages hautes en couleur. Après des premiers tomes un petit peu brouillons, chacun des protagonistes avait trouvé sa place et pouvait participer à la dimension comique de l’histoire. En offrant une quête solitaire à son héros, l’auteur s’est privé de l’apport de ses personnages secondaires. C’est un regret de mon point de vue de lecteur.

Cet opus s’inscrit vraiment comme un nouveau départ pour la saga. Tout en conservant l’identité graphique de la série, Lewis Trondheim montre bien que son premier cycle est maintenant terminé. Il est néanmoins dommage que cette nouvelle aventure ne démarre pas sur les chapeaux de roue. J’espère que le prochain tome sera marqué par un changement de braquet…