Quartier lointain par Ninesisters
Je sais que cela peut paraître étrange – cela fait une redite avec Ai Yazawa – mais je n'avais jamais lu de manga de Jiro Taniguchi avant Quartier Lointain. Cela ne s'était peut-être jamais trouvé, ou – plus sûrement – j'avais peur d'être confronté à un exercice de « branlette intellectuelle » comme je ne les supporte pas ; il faut dire que c'est un auteur réputé « haut de gamme », et ce genre-là, je m'en méfie toujours.
Je n'aurais pas dû. Attention, ce n'est pas « je n'aurais pas dû lire du Jiro Taniguchi » mais bien « je n'aurais pas dû me méfier ». Car Quartier Lointain, c'est bien.
Déjà, le trait du mangaka est très agréable à l'œil. Chaque case est bien remplie, plus que dans la grande majorité des manga, ce qui ferait passer son travail pour une bande-dessinée européenne ; Taniguchi semble prendre son temps pour dessiner, pour créer ses atmosphères, et cela se ressent dans son style narratif. Quartier Lointain dégage une véritable poésie, une légère mélancolie issue du regard porté par un homme sur son passé ; il se prend à regretter ses jeunes années où tout était possible, où il aspirait au changement – alors que nous le découvrons, une fois adulte, souvent ivre et passéiste vis-à-vis de ses filles – et où, finalement, il n'avait pas trop à s'inquiéter.
Avec Quartier Lointain, Jiro Taniguchi tisse une histoire toute en finesse, agréable à feuilleter, et pourtant lourde de sens. Un plaisir de lecture qui me fera sans aucun doute tenter de nouveau des œuvres de cet auteur.