La fin est surréaliste

Cette critique portera sur mon premier Taniguchi. Le trait de Taniguchi, détaillé et réaliste, permet au lecteur de comprendre facilement les émotions des protagonistes ainsi que de comprendre la poésie derrière les décors et paysages du récit. Le thème basé principalement sur la nostalgie de nos années de jeunesse et de ses rêves envolés se marient très bien avec le style de Taniguchi et ses paysages de campagnes japonaises d'autrefois pour ainsi nous offrir un retour parfaitement insoucieux en adolescence.

L'histoire se déroule autour de notre héros, de retour en adolescence, il comprendra vite qu'il est apparu exactement un an avant à la disparition de son père et multipliera les enquêtes pour comprendre justement pourquoi celui-ci n'est jamais réapparu. Parallèlement à cela, il va vivre sa nouvelle vie, son cerveau d'adulte lui permettant de faire des choses qu'il ne pouvait pas avant, il va comprendre l'absurdité de l'école et ses nombreuses matières inutiles pour le commun des mortels. Le manga aborde aussi vaguement la seconde guerre mondiale et les difficultés qui ont suivis. Notre héros connaîtra aussi la honte de s’être échapper dans son passé de pouvoir le modifier pour un meilleur avenir tandis que sa famille, elle, ne sera plus que l'ombre d'elle meme sans lui. Que devons nous faire rattraper les années perdues ou assumer notre présent?

Parlons maintenant de la fin. Je déteste cette fin, je ne la comprends pas, elle m'échappe, le père veut quitter toute sa famille juste pour avoir la vie dont il a toujours voulu, ok, mais est-ce vraiment réaliste? La mère le savait depuis le début mais elle n'a rien fait dans une espèce de résignation illogique vu qu'elle savait que si elle le laissait partir ils auraient des problèmes financiers plus tard. Le père, lui aime ses enfants, fait parfaitement son travail de tailleur mais veut quand meme tout plaquer pour on ne sait pas trop quoi (le manga fait un parallèle avec les nombreuses personnes qui disparaissent chaque année au Japon mais on ne va pas me faire croire que ca représente une grande partie des cas de disparitions), c'est aussi une référence au fait d'assumer son passé ou de changer sa vie du tout au tout sauf que la c'est mal fait la raison n'est pas suffisante (ou alors la mise en scène des événement est raté, au choix).

Le manga appuiera ce thème et la raison du père de partir par l'histoire d'un autre personnage, une amie d’enfance du père (peut-être son première amour?), qui a vu sa vie disparaître devant ses yeux progressivement à cause de la guerre, sa famille est morte puis elle a du être hospitalisé jusque la fin de sa vie, le père a donc vu ca comme un message qui lui disait qu'il avait encore la possibilité de vivre sa vie comme il l'a toujours voulu contrairement à son amie. La question est est-ce que c'est bien fait ? Plus ou moins mais ca apparaît seulement vers la fin du récit et sans aucune autre justification, cela ne constitute toujours pas (pour moi) une raison suffisante. Il y a bien l'histoire du passé du père et de la mère qui se sont rencontrés de façon fortuite, cela justifie le fait qu'il soit resté et pourquoi il ne pouvait plus partir du village mais bon ce n'est toujours pas suffisant et surtout c'est assez mal amené par rapport à la révélation de fin car ces justifications ne laissent présager aucun sentiment de mal-être chez le père qui nous aurais permis de comprendre sa souffrance et d'appréhender la chute.

Enfin notre héros sachant cela restera bouche bée et n'aura pas la force d’arrêter son père pourquoi? Parce qu'il fait un lien avec lui qui va dans des bars et va voir des filles donc lui aussi c'est un mauvais père et il se rend compte que cet événement va fortement l'influencer pour ses prochaines actions et comportement notamment en tant que père donc il n'arrive pas à en vouloir à son père. La comparaison entre aller voir des putes et abandonner sa famille pour accomplir sa vie de rêve est quand meme assez grossier, insultant et surréaliste. Notre héros revient donc dans le présent et se décide à être un meilleur père. Il se rend compte que toutes ses actions ont finalement peut être eu un impact mais de toute façon on s'en fout vu que tous ca c'est passé il y à 30 ans et en plus il à croiser son père dans une gare (on s'en bat les couilles). En conclusion, c'était bien mais le message est mal amené et pourtant servi par un dessin et un découpage exemplaire ainsi que par un cadre spatio-temporel s'imprégnant de réalisme, il aurait peut-être fallu s’appuyer d'avantages sur les problèmes du père au quotidien et dans le passé et faire donc en sorte que les enquête du héros servent réellement à quelque chose ce qui aurait en plus donner un peu plus de dynamisme au récit bien que cela aurait perdu par la suite en sentiment nostalgique et en poésie graphique.