Si, après avoir bien entamé la collection Taniguchi, je peux remercier mon meilleur ami de m'avoir fait découvrir l'auteur avec Quartier Lointain, j'avoue que c'est son œuvre que j'aime le moins. Le fait qu'elle soit celle que tout le monde aime le plus, la plus adaptée même jusqu'au théâtre, et la seule dont les médias parlent joue peut-être.
Quartier Lointain est le plus superlativement mièvre des Taniguchi. Le livre est un pavé, et nulle place pour les " déambulations " du Gourmet Solitaire ou même des Années douce. Le scénario se suit et ne laisse aucun espace vide. Au sens propre, je trouve le dessin plus lourd que d'habitude, où le noir prend plus de place, presque étouffant. Mais si le concept, pris et repris depuis, est excellent par rapport aux questionnements de son passé, aux regrets ou remords, à la rétrospection en somme, l'histoire — et je n'aime pas ce mot — se noie, en nous noyant aussi, dans une nostalgie étrangement mièvre où le héros enfant est insupportable. Il est une sorte de prétexte à l'histoire, il la porte sur ses épaules, comme un acteur porterait tout seul un mauvais biopic. Il n'a pas le charisme (encore concevable, car ce n'est qu'un enfant), ni même la simplicité des autres personnages du mangaka, sachant qu'il n'en est pas à sa première œuvre. Voir Hiroshi plus longtemps adulte, avec sa stature mature et son esprit solide, aurait été un plus qui aurait permis tout simplement de comprendre le personnage.
Et un Taniguchi sans personnages, c'est ce qui manque le plus pour qu'on puisse s'y attacher.