Je le dis et le répète mais Locke and Key possède deux forces fondamentales : ces personnages ultra-réalistes qui disposent non pas d'une ou deux caractéristiques mais d'une véritable âme à la complexité toute humaine, et d'autre part, sa capacité à nous surprendre dans chaque tome. Je rappelle que chaque tome contient un arc complet et, de ce fait, on voit une réelle volonté d'innover à chaque fois. Joe Hill veut surprendre le lecteur et c'est des plus appréciable.
Le tome 4, basé sur la lutte répétitive entre Zack/Dodge et la fratrie Locke se terminait en apothéose : Zack parvenait à voler le corps de Bode. Le petit garçon était devenu un fantôme et l'ennemi avait infiltré la famille Locke, sentant qu'il fallait changer de stratagème pour réussir à trouver la clé Oméga.


Ce tome, pourtant, ne se concentre pas que sur ça. En effet, Joe Hill fait le choix déroutant de tout révéler dès ce tome. Alors qu'on s'attendait à garder du suspense pour le final, c'est avec Rouages que l'on découvre l'origine des clés, à quoi sert la clé oméga, comment chaque clé est arrivée là où elle est, pourquoi les adultes ne voient pas la magie, qui est réellement Zack, etc.
Que de révélation ! Révélations qui n'arrivent pas non plus dès le début. On commence simplement par découvrir comment la première clé, la clé Oméga fut forgée. On découvre l'origine de la famille Locke avec un retour dans la guerre d'indépendance. Voilà tout.
Ensuite, retour au présent avec un chapitre tragique sur Dodge/Bode qui tue un innocent enfant (scène traumatisante) et parvient, à la toute fin à s'emparer de la clé Oméga. Tout est donc fini ? Et bien non, car en voyageant dans le passé, Tyler et Kinsey vont peut être découvrir des solutions à cet apocalypse qui est sur le point de se produire sans qu'ils le sachent.


En effet, ce tome nous ramène en 1988 et nous découvrons la bande de Rendell Locke, le père de Tyler, Kinsey et Bode : Lucas, le futur Dodge démoniaque, Erin Voss, qui aura la tête vidée, Ellie Whedon, la future prof de sport, mère de Rufus et assassiné par Dodge. On y ajoute deux autres personnages totalement méconnus : Mark Cho, un petit asiatique gros qui voudrait bien perdre sa virginité et Kim Topher, la copine ultra-sexy de Rendell qui rêve de célébrité.
Et là, le lecteur ne peut manquer de remarquer l'opposition entre l'époque de Rendell et celle de Tyler. Là où Tyler use très peu des clés et visualise parfaitement leurs pouvoirs, là où il ne cherche pas son propre bénéfice (sauf à trois reprises dans l'ensemble de la série), son père n'a eu de cesse d'en user et d'en abuser pour s'amuser. Lui et ses amis ont, pendant 2 ans, usée des clés tous les jours pour vivre une vie pleine de magie. Rendell, si dur avec son fils, était en réalité un ado bien moins mature que lui. Pire si l'on peut dire : Lucas, beau gosse ténébreux était un type franchement agréable. Cool avec le jeune Duncan, qui montre une envie de se travestir, Lucas était un homme de cœur, soutenant Rendell envers et contre tout et fou amoureux d'Ellie que le monde entier trouvait moche. Lucas pourrait tout avoir mais il voit plus loin que l'éphémère et aime le cœur des gens. Le fait de le voir être perverti par un démon rend le personnage encore plus attachant.
Rendell apparaît un peu antipathique en opposition, lui qui ne voit pas l'amour d'Erin pour lui. Rendell qui sort avec la belle Kim, certes gentille, mais franchement cruelle et égoïste. Rendell qui est prêt à libérer des démons pour faire plaisir à Kim. Rendell qui cause, finalement, tous les malheurs.


On découvre donc avec horreur le sens des paroles de Dodge dans le tome 1 : tout a commencé il y a longtemps, plus de 20 ans pour être précis. On découvre le génie qu'est Dodge, qui prévoit tout des années à l'avance. On comprend à quel point les vies ont été brisées, à quel point le monde va mal. Dans le même temps, on comprend ces nouveaux personnages et pourquoi ils agissent ainsi. Ce sont des vrais personnages, plein de complexité.
On ne peut s'empêcher également de voir comment Tyler est grandi ainsi. Lui qui ne cesse d'évoluer franchit un cap en voyant les erreurs de son père, en montrant du doigt les limites des clés.


Ce tome surprend par les révélations incroyables et si « tôt » dans le récit. On pensait les garder pour la fin. Mais cette sous-histoire est très réussie et fonctionne bien, on est dedans, on y croit. Émotionnellement, on n'en sort pas indemne et dans le même temps le développement des personnages est fascinant.
Quant au graphisme, est-il vraiment nécessaire de dire que Rodriguez est encore en haut du panier ?


A un tome du final, Locke and Key prouve encore son génie !

mavhoc
9
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le 30 mars 2016

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mavhoc

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