Riee qu'à la couverture on sait qu'on tient une oeuvre énorme entre ses mains. Ou en tout cas j'en avais bon espoir.
Et puis en trois pages, j'étais emporté. Prologue qui en met plein la vue avec un Alex Alice qui montre d'entrée sa maîtrise du médium. Le format légèrement agrandi, les pleines pages, la puissance du trait et la force des images communiquent énormément. On a pas forcément beaucoup de repères mais le récit montre déjà qu'il possède une intensité à couper le souffle.
Le dessin reste excellent tout du long, avec certaines modulations selon les scènes. On ressent un trait plus classique et moins démesuré pour le jeune Sieffried jouant avec les loups, on notera un esthétisme très Disney pour le personnage de Mime.
Les jeux de lumière et de couleurs sont passionnants. Le noir du loup chef de la meute ou le rouge de la valkyrie font le même effet que les rares couleurs du premier film Sin City, comme un phare qui modifie radicalement la perception du monde au moment où ces éléments apparaissent. Les éclairs, au-delà de la dimension de grandeur qu'ils donnent aux scènes, sont bluffants visuellement et permettent aux planches en question de vraiment éblouir le lecteur.
Pour l'histoire, on reprend la légende bien connue avec évidemment des variations. En tout cas, j'ai accroché. L'aspect séparation des mondes est une totale réussite, on place clairement les mondes dieux / hommes / Nibelungs sur des plans différents avec le personnage central du héros qui peut les relier via sa destinée.
Aucun manichéisme, des personnages qui tous ont des motivations claires, justifiées et une mécanique huilée à merveille. Ce premier tome à la narration millimétrée entre ses va et viens des différents points de vue et temporalités expose calmement tous les enjeux tandis que le développement du personnage principal s'effectue presque en arrière plan.
Par ailleurs, on ressent les similitudes avec les livres Tolkien, que ce soit dans l'exil du peuple, l'attrait de l'or, le tueur de dragon, ou même la scène des questions qui m'a fait penser aux jeux des énigmes tandis que le personnage de Mime a par de nombreux aspects attrait avec Golum.
Beaucoup de finesse pour une oeuvre graphiquement aboutie, aux compositions percutantes et au rythme entraînant.
Privée du fruit de l'éternité, la déesse devenue mortelle avait donné la vie... Tueur de Dragon...