The Civilization Blaster par Ninesisters

Le début de l’anime Zetsuen no Tempest m’a suffisamment intrigué pour me donner envie non seulement de continuer à le regarder, mais aussi de donner sa chance à sa version manga, sortie en France sous le titre The Civilization Blaster ; je précise bien les deux noms car entre celui de la VO et celui de la VF – si nous pouvons appeler ainsi un assemblage de mots anglais – le lien n’est pas forcément aisé à faire.
Il est amusant de parler d’adaptation animée, car ce manga est déjà une adaptation. D’un roman, pour être précis (lui-même influencé par La Tempête de William Shakespeare). Autant je me méfie des manga tirés d’anime, autant des mangaka comme Ryu Fujisaki ou Suehiro Maruo m’ont prouvé par le passé qu’il était possible d’écrire de très bonnes adaptations de roman ; ceux-ci fournissant d’ailleurs une base de travail particulièrement riche, souvent faite de nombreux personnages et d’intrigues bien construites.

La qualité du scénario est bien la première chose que je retiens de The Civilization Blaster. Deux lycéens vont découvrir l’existence de la magie dans des circonstances pour le moins dramatiques, puisqu’elles s’accompagnent par la résurrection de l’Arbre de la Destruction, plongeant les habitants de régions entières du Japon dans la terreur de la mystérieuse Maladie de Fer ; seule la magie de l’Arbre des Origines peut les aider à stopper ce fléau. Une situation pour le moins tragique. Je n’en dirai pas plus pour ne pas dévoiler la suite de l’histoire, sinon qu’il ne s’agit que d’un fragment de celle-ci, car elle évolue énormément au fil des volumes. Pour autant, les retournements de situations ne semblent jamais forcés, seulement logiques et bien amenés ; le romancier ne s’est pas contenté d’inventer au fur et à mesure comme le fait un mangaka obligé de fournir un chapitre par semaine, mais parait disposer d’un plan précis et d’une fin déjà prête.

Si nous retrouvons deux héros lycéens, ceux-ci changent des poncifs que nous pouvons trouver habituellement dans nombre de manga et animes. Mahiro est un individualiste forcené – Yoshino semble le seul à pouvoir briser sa carapace, d’où une légère dérive Boys Love dans la version animée – que le sort du monde n’intéresse absolument pas, et qui n’aide Hakaze que pour retrouver l’assassin de sa famille. Yoshino, lui, est plus difficile à cerner ; d’apparence neutre – contrairement à un Mahiro aux allures de psychopathes – il s’agit d’un garçon plus intelligent et manipulateur qu’il ne veut bien le montrer : il parait presque naïf au premier abord, mais mieux vaut s’en méfier.
Là où nous sentons encore l’influence du roman, c’est dans la qualité des dialogues entre personnages ; un d’entre eux, particulièrement intense, dure près d’un volume sans qu’il ne paraisse trop long. Joli exercice de style parfaitement captivant. Pour autant, l’adaptation peut se justifier car l’histoire regorge d’impressionnantes scènes de désolation et de séquences d’action. Le mangaka, même si son chara design peut surprendre au premier abord, possède un bon sens du découpage et de la mise-en-scène.

Même s’il s’agit certainement d’un travail de commande, le dessinateur donne de sa personne pour apporter une valeur ajoutée à cette adaptation de roman ; roman que, de toute façon, nous n’aurons probablement jamais en langue française, donc il s’agit pour nous du seul moyen de le découvrir. Avec l’anime, bien entendu.
Le scénario parait un peu glauque – ce n’est pas pour rien si Bones se charge de la version animée – avec ses humains transformés en métal et ses innombrables morts ; il ne plaira donc pas à tous les publics. Mais il possède de nombreuses bonnes idées, comme le fonctionnement de la magie, la personnalité du duo principal, l’influence de William Shakespeare, et les catastrophes qu’il nous dépeint. Difficile de voir vers quoi il nous emmène, ou plus exactement, nous nous sentons aussi impuissants que les personnages principaux, dans la mesure où il est à ce stade impossible de savoir à quelle « théorie » se fier. The Civilization Blaster est donc un manga qui ne prend pas ses lecteurs pour des imbéciles, et cela suffit à le rendre digne d’intérêt.

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le 31 oct. 2012

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