Tintin en Irak
5.1
Tintin en Irak

BD franco-belge de Youssouf (2003)

Moi, ce que j'aimais bien, dans Tintin, c'était la simplicité. Non pas la simplicité du dessin, parce que malgré la "ligne claire" Hergé arrivait à livrer des cases impressionnantes ("On a marché sur la Lune" contient des pages superbes), mais celle des personnages et de l'intrigue. Il y avait les héros et les méchants, d'ailleurs la plupart du temps les deux étaient reconnaissables par leur faciès adapté. De temps en temps, il y avait une figure plus complexe (Philippulus le Prophète, le général Alcazar, Wolf...), mais la plupart du temps le tout restait assez simple pour ne pas perdre un enfant, mais avec suffisamment de péripéties et d'humour pour ne pas ennuyer un adulte.

Ce que j'aimais bien aussi, dans Tintin, c'était l'absence de réel message politique. Bon, bien sûr, dans "Tintin au pays de l'or noir", on critique l'ingérence occidentale en Afrique, dans "Les Picaros" on se moque des dictatures d'Amérique du Sud, mais Hergé prend toujours bien soin de garder ses distances avec la réalité, en inventant des noms de pays et de dirigeants plutôt que d'en utiliser des vrais (le meilleur exemple est sans doute le conflit entre les Syldaves et les Bordures, qui a donné "Le Sceptre d'Ottokar", sans doute LE meilleur album de Tintin pour moi). Il n'était pas bête, Hergé. Il se doutait probablement que la simplicité, le manichéisme du message de Tintin passerait beaucoup moins bien s'il utilisait des données réelles.

"Tintin en Irak" est raté pour ces deux raisons-là. D'abord, au niveau de la forme, les saynettes qui composent l'histoire sont rendues complètement brouillon par le fait que chaque personnage dessiné peut interpréter plusieurs personnages réels selon le moment de l'histoire. Le lecteur est donc un peu perdu et ne sait plus qui est qui, ce qui est un comble quand on pense à quel point les personnages de Tintin sont iconiques et facilement différentiables les uns des autres.
Au niveau du fond, le bât blesse aussi. On a le cocktail qu'Hergé avait tenté d'éviter, manichéisme + situations réelles, et on oscille donc entre théorie du complot fumeuse et interprétation (volontairement?) simpliste de la guerre en Irak. Même le moins pro-Américain des lecteurs, s'il est un peu exigeant, ne trouvera pas son compte dans cette bouillie intellectuelle.
Ruhenheim
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le 8 nov. 2014

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