Roman graphique très sympa et amusant. Autobiographique, le défi de raconter les épisodes vécus au Moyen-Orient par l'auteur avec un regard d'enfant est largement relevé. Avec un format proche du journal de bord, il parvient à nous décrire un quotidien bien loin des clichés que l'on peut avoir sur la Lybie et la Syrie pour ce premier tome - clichés positifs et négatifs. L’œil de l'enfant permet de poser un regard très cru sur les choses telles qu'elles sont et Riad Sattouf a le mérite de retranscrire ce regard de manière très réaliste. Certaines cases sont ainsi hilarantes, portant sur des souvenirs précis et un peu stupides qu'on a tous eu enfants : ce moment où l'on est plus intéressé par sa glace à la fraise que le feu d'artifice que l'on regarde. Evidemment, les situations observées par l'enfant étant un peu plus extrêmes ou du moins inconnues pour nous qu'un feu d'artifice, ça rend le tout très intéressant. On se retrouve donc avec un résultat assez loin de Persepolis, où Marjane Satrapi avait un certain recul, délivrant l'histoire d'une jeunesse marquée par la révolution iranienne.
Ici il ne s'agit pas d'un recul sur les événements mais plutôt d'un profond détachement vis-à-vis de ce qui est décrit.
Bref, ceci donne un bel aperçu assez nouveau sur la vie quotidienne dans les pays arabes. Je regrette toutefois d'avoir rencontré l'auteur au festival d'Angoulême avant de lire sa BD. Je l'ai trouvé en effet très prétentieux, et j'ai ressenti un peu du coup ce sentiment en lisant la BD. L'intérêt artistique du regard d'enfant a été entachée pour moi par une impression de prétention omnisciente de l'auteur mal placée et dont l'utilisation de l'enfance sert de véhicule. Comme quoi il vaut parfois mieux s'abstenir d'en savoir plus sur l'auteur, surtout avant d'avoir lu son oeuvre !