Il y a dans le paysage de l'édition, des mangas qui ne paient pas de mines. C'est le cas de ce Une Sacrée Mamie. Le titre fait un brin ringard et peu intéressant, la couverture fait un peu vieillote et statique. Le synopsis ne parait pas très enthousiasmant. Et pourtant, ce titre de Saburo Ishikawa est un petit bijou qui vaut le détour.

Le début de l'histoire commence de façon tragique et choquante. En effet, le petit Akihiro est forcé à quitter sa famille de façon un peu abrupte, parce que sa mère ne peut plus l'assumer financièrement.
La raison peut être justifiable, la manière moins. On ne lui dit rien, il est arraché aux siens sans dire au revoir, sans s'y attendre. Cette scène est quand même poignante.

Une fois cet évènement passé, on éprouve aussi de la compassion pour le jeune héros quand il découvrira comment vit sa grand-mère à la campagne. Il quitte un foyer pauvre en ville, pour trouver un foyer encore plus pauvre mais à la campagne.

Le contexte est lui aussi dur puisque cela se passe plus de 10 ans après la fin de la guerre et dans un contexte économiques particulier.

Néanmoins, notre jeune héros va apprendre à trouver sa place dans cette maison et avec cette mamie, qu'il ne connait presque pas.

Bien que le résumé paraisse un peu dramatique, c'est en fait tout le contraire. Ce manga est vrai bol d'air, c'est frais et rafraichissant et une très belle leçon de vie.

On va suivre quelques épisodes de la vie de Akihiro et de sa Grand-Mère. Même s'ils sont pauvres, ils vont vivre heureux. Sa mamie est une personne pleine de ressources qui refuse de sombrer dans la pauvreté triste. Comme elle le dit elle veut être une pauvre heureuse. Elle va inculquer à son petit fils quelques principes de vie pour positiver. Le travail, la débrouillardise, le respect et l'ingéniosité seront les maîtres mots de leur nouvelle vie et le tout dans une bonne humeur évidente.

Ils vont affronter les épreuves en s'efforçant de voir le bon coté des choses. Toutes les petites tranches de vie sont positives, émouvantes et drôles. On ne tombe jamais dans la pathos classique pour émouvoir dans les chaumières et faire larmoyer.

C'est d'un enthousiasme communicatif!

En revanche, vu que les scènettes s'enchaînent, il n'y a pas de réelles cohérences entre elles. C'est une succession de souvenirs d'enfance. Ils parleront aussi bien de la confection d'un pyjama, que de la recherche d'un gant de baseball, ou de la préparation d'un pique-nique...

La qualité de ce manga doit beaucoup au duo Akihiro et sa grand-mère. Très vite, ils deviennent super attachants. On verra le jeune garçon s'adapter à sa nouvelle vie et faire sien les principes de sa grand-mère.

La mamie, quant à elle, a une façon généreuse de voir la vie. Malgré les difficultés, elle mord la vie à pleine dent et est toujours positive. Vu ses difficultés financières, elle est très débrouillarde. Son leitmotiv : ne rien gaspiller et dépenser le moins possible. Pour ça, elle va user de moyens ingénieux : comme récolter ce que la rivière lui amène, trainer un aimant dès qu'elle se déplace pour ensuite revendre le fer, détourner des objets de leur utilité première....

Leur duo fonctionne à merveille : on sourit, on rit, on s'émeut... Ils arrivent à susciter beaucoup d'émotion chez le lecteur. Le garçon se montre vite courageux, soutient sa grand-mère et applique ses principes. Il est toujours marrant mais émouvant en même temps, de voir comment, ensemble, ils arrivent à surmonter les difficultés. Il y a une phrase qu'on retrouve souvent et qui résume bien leur complicité et le coté émouvant mais drôle :
« - Mamie, j'ai faim !
- Mais non, tu te fais des idées »

J'aime beaucoup cette phrase toute en simplicité et très forte émotionnellement. Hors contexte, elle doit vous paraitre insipide, mais elle prend toute sa signification quand on lit le manga.

La narration est aussi très sympathique. On effet, le narrateur est sensé être Akihiro adulte nous relatant son enfance. Du coup, quand il intervient , il y a un coté nostalgique qui ressort et un amour profond pour ces moments et sa mamie.

Le scénario est quasi-absent puisqu'on lit une succession de souvenirs indépendants. Mais ces passages sont simples, du quotidien mais ils demeurent envoûtants. Il y a une atmosphère particulière qui fait du bien. C'est frais, rafraichissant et ça donne des leçons de vie. Le tome se dévore très vite. Par contre, certains pourront trouver le discours un peu moralisateur avec ses thèmes écologiques et humanistes.

Une Sacrée Mamie a un charme évident, qui est renforcé par une édition de qualité et par le dessin. Le trait est fin sur les décors et les objets mais moins sur les personnages. Néanmoins, les émotions transparaissent bien. Le tramage est utilisé à bon escient et s'intègre bien. Le style graphique à un coté rétro qui confère à ce manga du cachet et qui colle bien à l'époque et au type de récit. Les visages sont eux moins fins, et plus caricaturaux (ce qui est probablement voulu). Au début, cela tranche avec le reste mais on s'y adapte rapidement et on se rend compte que ce type de représentation sied bien à Akihiro.

Pour conclure, même si ce manga ne paie pas de mine, il se révèle être une excellente surprise, toute en simplicité, tendresse, positivité et enthousiasme. Comme il est dit dans le manga c'est « la pauvreté heureuse ». Il n'y a pas de fioritures, pas de grands évènements, c'est simple mais efficace.
Une Sacrée Mamie est un manga frais, drôle, touchant et qui donne le sourire.

Cette grand-mère est décidément une « Sacrée Mamie ».
Kameyoko
7
Écrit par

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le 13 déc. 2010

Critique lue 443 fois

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Kameyoko

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