La tête sans les jambes

Deuxième volume de la réédition de la série de comics Mind MGMT, ce tome continue l'aventure d'une poignée d'ex-espions aux pouvoirs psychiques étranges et redoutables à la solde d'une officine dissoute.

Après la rencontre du personnage central et amnésique Meru Marlow avec le Mind MGMT et ses agents aux intentions aussi obscures que variées, l'histoire se développe dans un affrontement entre deux groupes d'ex-agents essayant l'un et l'autre de s'empêcher de nuire.

Certains passages touchent et sont des jolis éclairs de puissance narrative. Les destins cruels des ex-agents, leurs terrifiants sacrifices pour une cause invisible et incertaine sont toujours aussi perturbants. Le dessin est très tourmenté, jouant très habilement du format et des traits de crayons pour évoquer le doute, les divagations et la violence des émotions des personnages. Un graphisme fort auquel on ne reprochera qu'une chose (même si elle est assez fréquente dans le comics) : des visages féminins qui se ressemblent plus ou moins tous.

Le comics échoue cependant à être pertinent, précis et convaincant dans le genre dans lequel il s'inscrit à savoir le thriller d'espionnage. Les motivations des différentes factions et de leurs individus ne sont pas claires. Leurs déplacements sont flous, le résultat et la résolution des affrontements peu crédibles. Couplé à la complexité du récit, à l'insertion de page ou de paragraphe "documentaire" ou de flashbacks, cela n'aide pas au plaisir de lecture. Car quand l'auteur est exigeant, le lecteur est en droit de l'être aussi, et malheureusement, on ne trouve pas de justifications à tout. Le fil rouge des refuges est assez flou par exemple.

On avait en parti déjà ce défaut dans le premier tome mais la découverte de l'univers, des personnages et de leur passé rendait les défauts moins visibles, et mettait mieux en avant ses qualités. Cela dit, on reste assez fasciné par l'inventivité de l'univers et la façon très puissante de décrire cette myriade d'agents. Si on ajoute à cela la curiosité qui nait de ce récit à tiroirs, on se jettera quand même sans hésiter sur le tome final.