Tragique de répétition, de truchement, et d’émiettement, Skolimovski dans son dernier film, règle son propos, sur un tempo pré-apocalyptique et livre là, une glaise sensorielle, amplifiée d’une musique saturée (Pawel Mykientyn),en prise directe avec nos fièvres et cauchemars d’occidentaux multi-connectés.
Les dialogues sont absents ou inutiles à l’égal d’essential killing. Les mouvements fusent selon une caméra ultra nerveuse, webcam, caméra subjective, démultipliée avec une belle maitrise. Tout cela il faut bien l'avouer, brutalise l’œil et l’oreille interne. Les regards scrutés de très près, en intérieur extérieur ou sous le ciel de Varsovie, ponctuent ce temps qui se disloque.
On sursaute aux avions qui frôlent les tours de la ville comme une acrobatie supplémentaire à un destin menaçant, qui rappelle l’effroi de septembre 2001.
Les individus s’affairent, vagissent dans leur ornières techno-existentielles, en proie à un déterminisme que l’on redoute entropique. Les couples se font, se reniflent, se collent, se séparent… Rien d’original sur le fond mais une démonstration qui laisse le spectateur groggy, au fond de son siège.
Tout va très vite, et heureusement, car le souffle est court, l’extrasystole monte, la violence sourd comme un geyser prêt à l’explosion.
Il y a peu de répit pour que l’imagination fasse le reste, suspendue à ces 11 parcours de vies simples mais condensés, avant une issue incertaine que l’on préssent implacable.
En filigrane, il apparaît une réflexion sur le temps et le non choix, pris du vertige contemporain pixelisé, du trou noir à l’image infinie, qui aliène.
Skolimovski ne s’est pas exercé qu’à du style, ou c’est le style fait homme, qui s’impose à lui, comme au regardeur…