The Red Riding Trilogy : 1974 par Diego290288

Passée honteusement inaperçue chez nous l'année dernière (une seule salle sur Paris pendant une seule semaine, tsss...), la Red Riding Trilogy revient aujourd'hui dans une édition DVD correcte présentant les trois films agrémentés de quelques bonus.
Inspirés de faits réels (notamment l'affaire de l'étrangleur du Yorkshire survenue dans les années 70), les trois films sont en fait des téléfilms réalisés par trois réalisateurs différents et qui ont connu l'honneur d'une diffusion en salles hors de leur pays d'origine.
Selon une logique similaire à la géniale trilogie Pusher, Red Riding est une grande fresque se déroulant sur plusieurs années (1974, 1980 et 1983) et mettant en scène des personnages dont le rôle varie selon les épisodes.
Si elle souffre de quelques défauts inhérents à son format (quelques incohérences ça et là, narration parfois un peu chaotique, etc..), la trilogie réalisée par James Marsh, Julian Jarrold et Anand Tucker est une véritable claque dont l'impact est encore plus fort quant on enchaîne les trois métrages à la suite.

Réalisé par Julian Jarrold, 1974 pose les bases formelles et narratives de la trilogie en suivant l'enquête d'un jeune journalise ambitieux (Andrew Garfield excellent) sur une vague de crimes sordides.
Sur un mode qui n'est pas sans rappeler les films de complot des années 70 (sauf qu'ici il n'est pas question de politique), Jarrold met en place une atmosphère brumeuse et paranoïaque caractérisée par une tension extrême que l'on retrouvera dans les métrages suivants. En effet, 1974 est une œuvre qui vous prend aux tripes et qui vous retourne sans être excessivement démonstratrice (les scènes de violence physique sont rares mais brutales) : la mise en scène de Jarrold restitue parfaitement l'ambiance malsaine du récit grâce à une utilisation exemplaire des décors et du cadre remarquable.

En outre, que dire du scénario qui en plus de traiter des enjeux sociaux (l'histoire se déroule dans une région ouvrière qui sera sinistrée durant toute la période couverte par la trilogie et ce n'est pas un hasard...) se révèle être une étude dérangeante de l'abjection humaine. Ainsi, à l'instar des films suivants 1974 est une œuvre violente et sans complaisance qui sonde les tréfonds de l'âme humaine : le film prends parfois des allures de cauchemar éveillé (voir la scène très onirique dans le campement des gens du voyage) où le personnage principal perd toutes ses illusions jusqu'à un final coup de poing (une autre constante dans la série).

Au final, ce segment aurait presque pu constituer un film à lui tout seul si les scénaristes n'avaient pas laissé certaines questions en suspens. Cependant, ne vous attendez pas à avoir toutes les réponses dans l'épisode suivant.