Ebbing, Missouri: une bourgade comme tant d'autres, à l'écart des grands axes de communication. Un microcosme rural avec ses flics plus ou moins racistes, son dentiste gras du bide, ses petites gens ordinaires. Rien à signaler, si ce n'est un crime abject resté impuni. Sept mois se sont écoulés depuis le meurtre d'une jeune fille et la police n'a aucune piste. Le shérif, stetson vissé sur le crâne, attend, philosophe, qu'un témoin balance un indice. Alors, Mildred, la mère de la jeune victime, lasse de l'inaction des enquêteurs, décide de secouer tout ce petit monde par une campagne d'affichage peu ordinaire. Et c'est le début d'un engrenage qui va bouleverser des vies, chambouler une communauté, révéler des vérités et brouiller les pistes.
Car c'est bien là le génie du réalisateur et scénariste Martin McDonagh. Aucun de ses personnages ne reste figé. Tous évoluent et s'engagent sur des chemins inattendus. A commencer par le flic bas de plafond incarné par Sam Rockwell. Caricature de policier alcoolique et raciste au début du film, il sera presque métamorphosé dans les dernières minutes du film. Il y a dans cette histoire aux apparences de thriller, des moments puissants d'émotion, des dialogues savoureux, une pointe d'humour noir qui rappelle bien sûr les frères Coen. En mère courage, toujours vêtue de son bleu de travail, Frances McDormand impressionne par la puissance de son jeu. Mais son personnage aussi échappe à l'archétype: elle a des choses à se reprocher, elle n'a sans doute pas été la mère idéale... Passionnant de bout en bout, original, superbement mis en scène et en lumière, Three Billboards est de ces oeuvres qui donnent toute sa noblesse au cinéma américain indépendant, un cinéma qui ose.