C’est un film dont on entend beaucoup parler depuis sa consécration aux Golden Globes. Une comédie noire réalisée par McDonagh, dans le style des frères Coen, avec Frances McDormand (épouse de Joel Coen) dans le rôle principal : c’était vraiment alléchant. Pourtant, le résultat n’est pas aussi révolutionnaire que prévu.
En effet, au travers de l’histoire de cette mère de famille qui se bat pour faire aboutir l’enquête concernant le viol et le meurtre de sa fille en provoquant la police sur trois panneaux publicitaires à la sortie de la ville, McDonagh mise davantage sur la forme que sur le fond. C’était déjà le cas dans ses films précédents et notamment dans « Sept Psychopathes ».
Si le spectateur est toujours désorienté par les changements de ton, le passage de l’humour au drame, les rebondissements inattendus et les réactions souvent démesurées des personnages, le tout est un peu bancal. Il manque clairement l’ironie des frères Coen pour transformer le loufoque lourdingue en décalé subtil. Certaines trames du récit sont assez vaines et les éléments perturbateurs sont parfois très artificiels. Que dire par exemple du personnage de Peter Dincklage, aussi anecdotique que superficiel ?
Heureusement que le personnage de l’agent Dixon, incarné par un superbe Sam Rockwell, offre au moins un enjeu intéressant. Détestable au début du film, Dixon devient petit à petit plus attachant et même touchant. Le plan séquence de défenestration où il fait preuve de folie raisonnée est à ce titre tout à fait saisissant. Malheureusement, c’est peut-être le seul brin de génie du film.
Dans un contexte américain où les enquêtes criminelles aboutissent rarement, « 3 Billboards » a au moins le mérite de traiter d’un sujet important. L’impuissance de la police face au crime, illustrée par l’impuissance du shérif face au cancer, est finalement au centre de cette œuvre, intéressante mais pas révolutionnaire.