3 Billboards de Martin Mc Dormant

La bande-annonce de ce film m’avait intriguée ; l’action semblait simple – une femme interpelle le chef de la police local sur trois grands panneaux publicitaires à la suite du viol et du meurtre de sa fille resté sans coupable – et pourtant pleine de rebondissements. C’est donc par curiosité que je suis allée voir Three Billboards au cinéma un samedi 3 février. J’ai beaucoup aimé ce film qui, selon moi, mérite d’être vu pour trois principales raisons. Tout d’abord pour la force des personnages à l’écran. Autant Mildred Hayes (interprétée par Frances McDormand), cette mère dont la colère et l’imagination pour interpeller la police de la petite ville d’Ebbing est sans limites, que William Willoughby (Woody Harrelson), ce chef de police à la fois bourru et sensible qui essaye, tant bien que mal, de limiter les répercussions de la colère de cette mère ou que Dixon (Sam Rockwell), ce policier aux capacités mentales limitées focalisant l’ironie mordante dont Martin McDonagh (le réalisateur) use pour peindre la police américaine.

Mais si certains personnages sont poussés à la caricature, la critique de la société américaine et la morale que l’on peut tirer du film sont complexes. En effet, ce que j’ai tout particulièrement apprécié dans Three Billboards, c’est qu’il ne cède pas à la facilité en usant d’une fin moralisatrice qui consisterait à condamner la vengeance et toute forme de violence. Martin McDonagh cherche au contraire à comprendre cette colère provenant d’une profonde injustice ; il ne l’a justifie pas et ne la condamne pas. Cette colère, tout au long du film, nous fait tantôt rire, tantôt pleurer, mais finit surtout par nous faire réfléchir. Qu’est-ce que nous ferions, nous, à la place de Mildred Hayes ? Il ne semble pas y avoir de bonne ou de mauvaise réaction face à un tel drame. Le film nous montre les réactions des protagonistes agissant sous le coup de la colère, de la tristesse, du désespoir, mais aussi de la réflexion et du courage dont ils se montrent finalement capables. C’est parce que c’est un film émouvant qui ne livre pas de morale toute faite que Three Billboards est un film qui mérite d’être vu.