Voilà typiquement le genre de petits films peu connus et ne payant a priori pas de mine qui fait plaisir à découvrir. Intrigante affiche à la typo typée, un type figé dans un slip au rictus effroyable, un titre comme je les aime —long et superlatif, et malgré un nom qui ne m’attire pas forcément, l’avis d’éclaireurs assez unanimes quant aux qualités comiques du tout, ça rend curieux tout de même.

Bon, j’ai savouré, j’ai savouré, mais je n’ai pas ri aux éclats. Par contre Simon Pegg tient à mon humble avis son meilleur rôle à ce jour.

AFFOE c’est un sacré exercice d’équilibriste : une narration mêlant énergie en évitant l’hystérie et pauses relançant l’intérêt du spectateur grâce à une forme pleine de dynamisme, inspirée, multiple, qu’une écriture sachant coudre une sensibilité en filigrane lie avec une maîtrise insoupçonnée et prometteuse.

Ajoutez Simon Pegg dont la physionomie maladive étaye un personnage schizoïde en plein trip psychotique, en roue libre, disjoncté ; voilà le paranoïd android incarné. Son jeu poussif trouve enfin une personnification adéquate et pertinente, et il semblerait d’ailleurs qu’il ait trouvé de la mesure dans la démesure, ce qui constitue l’heureux contraire de ses habitudes.

D’autre part, Mills et Hopewell coiffent au poteau tout un tas de réalisateur chébrans en démontrant qu’il est nul besoin de split screen et autres charlataneries putassières pour insuffler de la folie à un récit ; un peu de dynamisme, quelques bons cadrages, de bonnes focales bien placées, l’emploi heureux d’une musique bien amenée (très bonne B.O en mode time travel dans les charts Britons de la fin du 20ème), et pourquoi pas de petites fulgurances graphiques (dont une bonne surprise peu avant la conclusion) pour relever le tout.

Cette petite péloche pleine de mérite, ne serait ce que pour l’audace dont elle fait souvent preuve, aurait pu grappiller un point supplémentaire si la barre placée relativement haut dans sa première partie avait pu être maintenue tout le long du récit, qui souffre parfois un peu de ses propres ambitions.

Pas le fou rire escompté, certes, mais quel bonheur de voir qu’on peut encore de nos jours pondre une histoire de peur qu’on peut qualifier de fantastique.
real_folk_blues

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