De la beauté de l'esthétique gothique

Les fan-films Batman sont nombreux, bien plus nombreux qu'il en existe de métrages officiels, en fait. Bien entendu, l'on y trouve du bon comme du mauvais, de l'excellent comme du catastrophique. Non pas que le niveau ne soit jamais garanti, mais étant donné le fait que la plupart sont fauchés comme le blé, il est courant de tomber sur de bonnes grosses bousasses, pauvres qui plus est.

Autant vous dire que c'est pas le top quand tu veux regarder un bon petit hommage aux comics, et que tu tombes sur un truc qui pourrait même effrayer le plus casse cou de tous les casse cou. "A Gotham Fairytale" n'est évidemment pas de ceux là. Lui, c'est un bon, un vrai, le genre de coup de coeur qui te pousse à le placer parmi les meilleurs films que t'a pu voir dans le genre.

J'étais presque au fait de lui assener la note supérieure, mais je ne sais pas, il lui manque peut-être un petit quelque chose pour que je puisse le qualifier de chef-d'oeuvre. Tout d'abord, l'animation est surprenante; loin des 24 images à la seconde, c'est une image pour une voire plusieurs secondes ( c'est même plus le cas de plusieurs secondes, en fait ). Au départ, cela surprend, mais au final, s'y faisant rapidement, le style devient, sinon agréable, d'autant plus surprenant qu'il est très rarement utilisé.

Ce qui surprend aussi, c'est l'absence de paroles de l'oeuvre. Si ce n'est quelques sous-titres en début de film, les répliques cèdent rapidement la place au dialogue entre musique et mise en scène, le très beau morceau de Muse, "Knights of Cydonia", ce dernier trouvant son parfait écho dans l'action se déroulant à l'écran; il parvient même à narrer l'histoire, les évènements se déroulant sous nos yeux, comme si le court avait été écrit et réalisé en fonction de cette unique et sublime morceau, suivant la technique de Tarantino.

L'esthétique est elle-même sidérante de soin et de beauté. C'est noir, c'est sombre, presque glauque; l'ambiance, particulière, avance un gothisme presque palpable, faisant souvent référence aux métrages portant sur le personnage, notamment le "Batman" de Burton et le "Dark Knight" de Nolan. Il y a, je trouve, quelque chose de véritablement virtuose dans les dessins, l'encrage et les couleurs, le tout offrant à l'oeuvre une esthétique unique et magnifique.

L'écriture cinématographique est elle même extrêmement convaincante; ce qui n'est pas véritablement utile n'apparaît jamais dans le métrage. Ainsi, si l'on a droit à quelques répliques en début de projection, c'est surtout pour poser le cadre et l'intrigue, pour que l'on ne soit pas perdu dans cet univers atypique. A moi d'ajouter que c'est une manière de penser extrêmement efficace.

Pour conclure, l'on tient un bon fan-made, le genre qui te marque vraiment, et dont tu te souviens, sinon à vie, longtemps après. L'écriture, convaincante, arbore néanmoins un scénario classique ( une histoire de sauvetage ); j'ai particulièrement apprécié le rapprochement fait avec un conte de fée ( d'où le titre de fairytale ), où le chevalier, soit le Batman, délivrerait la princesse, la petite fille, enlevée par le dragon, ici le Joker. Un très bon cru que voici, que je vous conseille à tous.