Conte cruel et récit féerique, la fable, sous sa trame empruntée à Pinocchio, approfondit les abandons et les illusions décrites par Freud, (la mère de l’enfant lit même aux toilettes les « trois essais sur la théorie sexuelle »).L’humanité devient l’obstination d’un sentiment de filiation malgré la perte et la lucidité, par-delà la destruction du monde. L’énigme de la naissance devient surtout celle de la création des affects. Spielberg s’interroge sur ce que peut être un amour à la fois infini et totalement buté, immobile, incapable d’évolution. L’ambigüité est profonde entre l’amour humain et le programme robotique, entre notre part d’enfant est une part obscure de chimère. Comme souvent lorsqu’il fait jouer des enfants Spielberg ne peux s’empêcher de donner dans la sensiblerie en faisant de cet petit être abandonné par sa mère un sujet de déploration, confinant la quête singulière de ses origines par celle de sa mère et son interrogation sur soi-même une réminiscence de ses thématiques éprouvées habituelles : le monde de l’enfance, sa confrontation à celui des adultes à travers des parcours initiatiques, ses postures gnostiques, son happy end obligé. Confronté a la perte de son fantasme de singularité, le film conclut par la réalisation magique et inespéré du désir de l’enfant. Tout rentre dans l’ordre.