La vie, c'est violent. Le monde, c'est violent. L'argent, c'est violent. Le travail, c'est violent. L'amour, c'est violent. Donc le cinéma, c'est violent. Un mineur dégoûté par la corruption de ses dirigeants. Un homme pensant qu'il est plus facile de tuer que de travailler. Une hôtesse à moitié violée par des clients se croyant tout permis. Un jeune homme passant de petits boulots en petits boulots sans avoir de vrais buts. Un portrait de la Chine contemporaine sans concession vu par le réalisateur de Still Life.

On connaît les inégalités sociales qu'il peut y avoir dans beaucoup de pays, c'est aujourd'hui le tour de la Chine. Divisé en quatre parties, le cinéaste veut embrasser le plus de sujets possibles pour que sa peinture sociale soit crédible. Ce ne sont pas des héros qui intéressent ici Zhangke, mais les laissés pour compte. Trop de pression et de dévalorisation sont commises chaque jour pour que l'être humain puisse se relever dignement. Des actes quotidiens a priori banales mais qui peuvent, un beau jour, détruire un individu.

La colère contre des patrons qui ne font que s'enrichir. La paresse de passer une vie monotone avec sa famille. La luxure de plaire à des hommes déjà mariés. L'avarice des employeurs qui arnaquent ses ouvriers. Un seul mot pour décrire les maux de cette société : l'argent. Une seule solution pour détruire ce problème : le prix du sang. Grâce à une extrême précision formelle (notamment le premier épisode, intense), un cadre très soigné et une mise en scène chirurgicale, le chinois accompagne le spectateur vers des terrains poisseux où personne n'aurait envie d'aller. Un hôtel si superficiel qu'il en devient terrifiant. Un sauna sans aucune chaleur. Un village ressemblant à un terrain de mine...

A Touch of Sin est une œuvre conséquente qui demandera une certaine réflexion après sa vision. Quelles sont les conséquences de ces humiliations quotidiennes et d'où viennent-elles ? Dommage cependant que l'intensité du récit baisse au fur et à mesure que les épisodes s’enchaînent. Mais cela n'a pas tant d'importance, car le message de Zhangke est clairement passé et l'âpre réalité sociale nous est apparue en pleine figure.
Hugo_Harnois_Kr
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le 7 févr. 2014

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Hugo Harnois

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