A sa sortie, A bras ouverts est un film qui a beaucoup fait parler de lui. Nauséabond, raciste... Rien à voir avec Les Aventures de Rabbi Jacob que beaucoup de spectateurs ont élevé au rang de "Film impossible à refaire aujourd'hui, tant les mœurs ont évolué.". Mais parlons franchement pendant quelques lignes : le film réalisé par Philippe de Chauveron n'a, dans l'absolu, pas grand chose de xénophobe : il est juste pas drôle.
D'abord, la mise en scène est vraiment nulle : là où de nombreux gags visuels pourraient être instaurés - et il y a des tentatives, hein, bravo les gars - rien ne marche parce qu'un mec qui ne sait pas cadrer a dû composer avec un découpage extrêmement moyen où tout fait pauvre. C'est con, quand tes protagonistes sont censés être des gens riches. Plutôt que de nous le répéter pendant tout le film, montrez le nous, putain.
Parce que, oui, les personnages campés par Christian Clavier et Elsa Zubstein - ou quelque chose comme ça - sont des bobos classiques enfermés dans leur luxe, qui sont à gauche seulement quand c'est de ce côté là que l'argent tombe. Le genre de personnage qu'on aime bien voir évoluer dans une bonne comédie, parce qu'il va être confronté à ses préjugés et se rendre compte qu'il a tort. Spoiler alert : c'est ce qu'essaye de faire le film.
Sauf que ça marche pas. On pourrait pardonner à Christian Clavier de jouer un brouillon chiffonné de Louis de Funès s'il avait un véritable texte derrière lui. Mais là, aucun personnage n'évolue vraiment, malgré ce qu'essaye de faire croire le film : tous restent sur leurs positions et bien qu'ils grandissent - un petit peu - leur vision des choses en n'a pas changé. Les bobos pensent qu'être rom, c'est pas mal, mais préfèrent quand même leur vie; Et presque tout le monde est d'accord.
Même Ary Abittan et son surjeu habituel ne sauvent pas le flm. Au mieux, le spectateur peut sourire à quelques-unes de ses blagues, parce que c'est sûrement de l'impro, quand on voit les dialogues des autres. Après quand on lance quatorze intrigues simultanées sans trop savoir comment les faire retomber, avec une vague idée de ce qu'on veut faire à la fin - "Comme ce film là, avec le chauve et les juifs qui dansent !" - on a pas le temps d'écrire de bonnes répliques.
Du coup, c'est peut-être moi qui suis trop vieux, - dans ma tête - mais la mixture ne prend pas. C'est pas plus raciste que Les Aventures de Rabbi Jacob. Juste, dans le long-métrage de Gérard Oury, un riche industriel apprenait à aimer une culture qu'il a toujours cru détester et c'est bien fait. Là, deux hommes découvrent péniblement - pour eux comme pour le spectateur - de choses qu'ils se sont auto-persuadés d'aimer. Et ça se perd au milieu d'intrigues débiles.
Alors, oui, les mentalités ont pas mal progressé, mais le vrai problème, c'est que les qualités aussi bien d'écriture que de réalisation, ont, elles, énormément régressé*. Et c'est pour ça qu'on ne peut plus refaire Les Aventures de Rabbi Jacob aujourd'hui.
- : Notons qu'il existe des exceptions à cette phrase qui sert surtout à amener une conclusion stylé. En restant dans le domaine du cinéma, La Bande à Fifi fait carrément grimper la moyenne.