Une première demi-heure magnifique, trente dernières minutes sublimes et plutôt émouvantes et un ensemble poétique, une sorte de poème amoureux à l'amour, ce dernier Malick est dans la pure continuité de Tree of life, une sorte de « Tree of love » construit autour de l'amour et non de la vie. La mise en scène est auprès des corps rappelant sans mal la partie familiale de Tree of life, mais s'attardant plus sur l'amour naissant, mourant et renaissant, une sorte de "prequel" à la vie de famille dans ToL.
A l'instar de ToL, s'inspirant directement de sa propre vie, le propos n'en est que plus prenant, plus juste, le tout magistralement mise en scène par des mouvements constants, auprès des corps, ou en retrait ou même par la propre vue des personnages comme dans l'église du Mont-Saint-Michel. Le film est accompagné d'une image à la beauté époustouflante, mais ça on le savait, Malick est un faiseur d'image hors pair.
Le tout manque quand même un peu de souffle et d'ampleur vers le milieu et peu ennuyer un peu, mais les détracteurs de ce Malick devraient au plus vite revoir les autres, car ce dernier est dans la plus pure tradition du monsieur et qui plus est, dans la continuité direct de Tree of life, et le détester c'est détester Malick dans son intégralité, Malick dans sa simplicité, avec ses clichés (la fille qui court dans le supermarché ou l'amour qui m'aime, tout aussi cliché que l'enfant qui sort d'une chambre rempli d'eau dans ToL et du coup, tout aussi ridicule), avec sa vision de la religion, ses questionnements autour de Dieu, de l'homme, de l'amour, Malick continue son chemin et fait des films avant tout pour lui, qui vont sûrement le toucher avant les autres, mais qui permettent, de par l'image, de par son rapprochement avec la nature, l'essence de la vie, de nous toucher à notre tour.
Un beau film qui s'avère moins bon que ToL de par une Olga insupportable dans les supermarchés, une voix off un peu cucul parfois et un Affleck peut être trop effacé, mais c'est un peu le but...

Avant de finir j'aimerais revenir sur l'érotisme constant de ce film, la où, vu le même jour, Korine s'embourbe dans une surenchère de vulgarité insipide et répétitive, Malick parvient à mettre en place un érotisme quasi-constant entre ses personnages, à la limite de la pornographie non visible, tout est suggéré, effleuré, comme les mains, comme les personnages qui ne s'enlacent vraiment quasiment jamais, une sorte de tension sexuelle qui les anime, au-delà de l'amour, sans parler de quelques scènes de nu presque artistique, qui esquisse les formes, les rondeurs, les poitrines, le tout dans des torrents de lumières. Il faut être plus malin, il ne faut pas tomber dans la facilité, l'amour est toujours lié avec le sexe, mais le montrer serait trop facile, donc Malick l'esquisse, le fait entrevoir et la tension, par moment est à couper au couteau, c'est déroutant, excitant et magnifique à la fois.

Pour finir, le film ne parle pas que de l'amour entre homme, mais également d'un amour Mystique par le personnage de Bardem, montrant que l'amour c'est avant tout des doutes, une recherche de l'autre, une quête presque mystique pour trouver ce qui est en nous et autour de nous, je ne dis pas que je suis d'accord avec toutes les thèses "religieuse" de Malick, mais je trouve son approche intéressante et belle.

A revoir!

Ps : du coup, ne pas aimer et sortir des inepties comme : « je me suis fait cracher à la gueule » ou « on a perdu Malick », autant quand on n'a jamais aimé le personnage je comprend, autant quand on se dit fan de Malick, je ne comprend pas, ou alors vous vous faites cracher à la gueule depuis quarante ans et vous ne le remarquez que maintenant...
Sasory
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le 10 mars 2013

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Sasory

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