Nous sommes une semaine après Mad Max Fury Road et j’attends désormais beaucoup plus du cinéma. Par chance, ce sont Brad Bird, le réalisateur de Les Indestructibles et de Mission Impossible : Protocole fantôme, accompagné du scénariste Damon Lindelof, showrunner de Lost, qui se retrouvent dans le planning des sorties à la suite du long-métrage de George Miller, avec ce mystérieux long-métrage de science-fiction original produit par les studios Disney. Mais ce qu’ils accomplissent est de l’ordre du miracle car ce projet que j’attendais modérément m’a complètement chaviré. En effet, à ma grande et heureuse surprise, À la Poursuite de Demain (Tomorrowland en version originale), et je vous dis ça du plus profond de mon cœur, est le deuxième chef d’œuvre de 2015 !


Il va être difficile pour moi de vous parler de ce film, tout d’abord parce que je ne veux pas vous gâcher ses surprises, mais surtout parce qu’il ma touché d’une manière très personnelle en s’adressant directement au petit garçon que je suis toujours un peu. J’en suis tombé amoureux car pour être honnête, je n’avais pas reçu un tel flot d’émotion depuis Wall-E, et comme ce dernier, je considère À la Poursuite de Demain comme une œuvre nécessaire pas seulement parce c’est bien, mais parce qu’il a cette modeste ambition de rendre le monde meilleur. Alors oui, bien évidement, il se prend un torrent d’avis négatifs (mais pas que, heureusement), et c’est finalement plutôt compréhensible étant donné qu’il dénonce d’une façon très virulente le cynisme, le pessimisme, le pinaillage et surtout le fatalisme qui sont des traits de caractères très représentatifs de notre époque. Son message se veut pourtant rempli d’espoir et s’adresse à tous les créateurs, les explorateurs, les inventeurs, les rêveurs pour leur dire de ne pas baisser les bras, et de continuer à aller de l’avant pour innover et améliorer l’humanité. Plutôt que d’accepter et de gober l’idée d’un monde qui s’écroule, il nous inspire à nous demander comment on peut le réparer. Ce qui semble aujourd’hui être devenu une idée subversive.


À la Poursuite de Demain est aussi un film qui parle énormément de cinéma. Comme je l’ai déjà évoqué ici, nous vivons une période où une grande partie du cinéma à grand spectacle n’invente plus. La politique des studios consistent à étirer indéfiniment ses franchises, évitant le plus possible de s’aventurer dans un univers inconnu du public. Marvel, DC, Star Wars sont devenus des marques dont on rabâche les éléments populaire jusqu’à les démystifier, alors qu’elle fut elle aussi un jour des œuvres originales, génératrices d’émerveillement et d’imaginaire. À la Poursuite de Demain l’est aussi et il le revendique. En prônant le regard vers l’avant et l’avenir, plutôt que de rester bloqué dans le passé, le film de Brad Bird aspire à montrer qu’il encore possible de raconter des histoires que nous n’avons jamais raconté.


Celle que l’on nous raconte ici, elle nous parle de Casey Newton, une jeune fille intelligente et optimiste rêvant d’aller dans les étoiles, découvrant un jour un pin’s qui, lorsqu’elle le touche, lui fait voir une impressionnante et mystérieuse cité futuriste. Je peux rien vous raconter de plus que ce point de départ, mais pour vous préparer au film, je peux vous dire qu’il commence d’une manière flamboyante par l’introduction d’un jeune garçon qui aura un rôle important dans cette histoire. Il se poursuit ensuite par une aventure trépidante dont le principal enjeu est l’effeuillage petit à petit du mystère qui entoure la ville de Tomorrowland. Au programme, une tonne d’idées visuelles comme Brad Bird seul sait les mettre en scène, une histoire d’amour symbolique et bouleversante, la musique toujours aussi belle de Michael Giacchino rappelant la belle époque de John Williams et d’Alan Silverstri, ainsi qu’un magnifique trio de personnages aussi drôle qu’attachant comme Damon Lindelof sait les écrire et interprétés par une Britt Robertson parfaite dans un formidable rôle d’héroïne à l’enthousiasme communicatif, un George Clooney que l’on avait rarement vu bon aussi en vieux ronchon désillusionné, et surtout la jeune Raffey Cassidy, sans trop vous en dire pour ne rien gâcher, dont le personnage d’Athena, qu’elle interprète avec un talent inouï, est la véritable arme secrète du film… Il y a d’autres choses encore à découvrir dont je ne préfère pas parler ici, notamment le dernier acte, qui ne plait apparemment pas à tout le monde, mais qui à mon sens est une conclusion thématique parfaitement cohérente pour ce qui est le vrai sujet du film, à savoir le voyage et non la destination. La structure scénaristique, rappelant assez Rencontre du Troisième Type pour vous donner une idée, risque peut-être de vous surprendre, mais sa générosité et son ludisme méritent qu’on se laisse transporter par une œuvre qui aurait parfaitement sa place au côté des grandes productions de Steven Spielberg, entre Retour Vers le Futur et L’Aventure Intérieure qui sont ici des inspirations qui ne sont pas utilisées comme références réconfortantes mais qui, au contraire, sont des ailes qui lui permettent de s’envoler pour mieux s’en démarquer.



Alors maintenant, n’attendez plus et foncez voir À la Poursuite de
Demain
. Contrairement à la plupart des autres blockbuster, gardez
votre cerveau et déposez juste votre cynisme à l’entrer de la salle.
N’essayez pas de tout comprendre avant qu’on vous l’explique, ne
tentez pas de raisonner ce qui est symbolique, ne cherchez pas à être
plus intelligent que les auteurs ou vous vous emmêlerez dans une
logique erronée, laissez-vous plutôt émerveiller par l’histoire,
accompagnez par les personnages, inspirez par le propos (ce que je dis
là, ça vaut pour tous les films). Et si par chance, il vous touche
comme il m’a touché, alors j’en serais le plus heureux.



Bref, j’espère vous avoir donner envie car, vous l’avez compris, il s’agit d’un ÉNORME coup de cœur (deux en une semaine, c’est inespéré !), qu’il faut voir, qu’il faut transmettre parce qu’un film aussi original, aussi positif, aussi génial a besoin d’être vu par le plus grand nombre car il pourrait réellement embellir l’humanité et faire du monde un endroit meilleur en nous poussant à refuser le fatalisme et se tourner vers le futur. Il nous ait offert par un duo d’hommes talentueux, Brad Bird et Damon Lindelof, dont j’espère vraiment que la collaboration perdurera car le cinéma en a bien besoin ! Et il y a peu de film pour lequel je pense autant de bien, ainsi, À la Poursuite de Demain, fonce brillant et chromé sur les autoroutes du Valhalla où il est attendu au McFestin des œuvres que je chéris le plus. Et il se pourrait aussi que ce soit l’une des vôtres…


Julien vs The Movies

Belloq
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Créée

le 6 juin 2015

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Belloq

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