Algérie, 1995, un hammam.
Ce huit-clos emprunte aux codes du théâtre (jeu des acteurs, scénario, unité de temps et de lieu...), ce qui n'a rien d'étonnant puisque la réalisatrice a écrit la pièce avant de tourner ce premier film.
Les actrices sont étonnantes de sincérité et d'intensité et participent beaucoup à la grande réussite de cette oeuvre.
Le scénario ne nous laisse jamais une minute de répit, enchaînant humour, tendresse et colère. Il nous entraîne implacablement vers une fin tragique que l'on devine inévitable depuis le début sans pouvoir/vouloir y croire. La réalité dépasse la fiction.
Dans cette Algérie du début des années 1990, suite à la victoire massive du Front islamique du salut (FIS) lors des élections communales, les villes sont soumises aux règles islamistes discriminatoires à l’encontre des femmes, devenues alors les ennemies numéro 1 du pays.
Il est donc question de la domination masculine, de la place de la religion, du rapport Algérie/France, des représentations de la femme, d'obscurantisme et de luttes bien sûr.
Le hammam, lieu de l'intimité des femmes fonctionne comme un lieu de liberté autant qu'un lieu de sécurité où l'on se réfugie à l'abri de la violence des hommes. Ici, les femmes sont libres de parler, de rire, de se montrer et de s'affronter intellectuellement, politiquement. Les drames quotidiens, intimes se jouent devant nos yeux ébahis et inquiets. Premières victimes, les femmes sont aussi premières combattantes.
La réalisatrice nous apprend à ne pas oublier: la liberté de penser, l'égalité entre les Hommes, sont des biens précieux qui ne sont jamais acquis.
Un film fort, tout en subtilité.