Erica a deux amours. Son homme, David, et sa ville, New York. Elle va perdre les deux. La ville dont elle était tombée amoureuse va la trahir en tuant, sous ses yeux, l’homme au sein duquel elle s’était réfugiée. La conséquence en sera qu'Erica et New York, qui avaient appris à se connaître, à s'apprivoiser, à s'aimer et à ne plus pouvoir se passer l'une de l'autre, vont perdre leur confiance mutuelle et redevenir des étrangères. Aimer l’endroit où l’on vit est une chance extraordinaire, et perdre cet amour, c’est se perdre soi-même. Et Erica est perdue. Elle respire encore, mais elle est déjà morte. Ou plutôt, c’est sa vie, qui est morte. Sa vie d’avant, celle où elle aimait David et New York, et où elle traduisait par des mots les sentiments qui l’habitaient (on notera la qualité littéraire de ses textes radiophoniques). Déterminée à ne pas disparaître, elle sait que sa renaissance ne pourra se réaliser que si elle retrouve ceux qui l’ont tuée les premiers et les fait, eux, disparaître.
Un réalisateur, une actrice clairement faite pour le rôle et un scénario qui s’interroge sur les notions de vengeance, de justice, de haine et de résilience, en s’éloignant du politiquement correct. Des éléments intenses qui réveillent des pensées que l’on n’ose pas mettre au grand jour. C’est un peu plus tard que le film, comme Erica, emprunte un mauvais chemin. Le personnage de Terrence Howard, bien que justifié, est en trop. Son côté "grand sensible" est assez irritant et fait dévier le film de son sujet. Erica devient un serial killer aux caricaturales victimes. Sa vengeance prend une tournure qui frise le ridicule. Le va-et-vient entre une scène de dialogue/réflexion/émotion et un meurtre fait disparaître la tension qui s’était installée. Le film fait l’erreur de multiplier les moments de violence, alors que conserver l’unicité de la scène du début aurait permis d'appuyer l’imprévisibilité d’un tel traumatisme.