Vies pourries !

Je cherchais un truc léger à regarder, sans prise de tête. Avec Katherine Langford, je pensais tomber en terrain connu mais dès les premières secondes, je me suis dis "ok, c'est quoi ce film ?". Loin d'être un teen movie classique, Spontaneous (ou Adolescence explosive) suit les aléas d'une lycéenne de terminale, qui un jour, voit littéralement une de ses camarades de classe exploser sous ses yeux. Sans en dévoiler davantage, vous aurez compris le ton décalé et le parti pris radical du film, mélangeant comédie romantique, horreur sanguinolente et double lecture. C'est fun et barré, oui, mais je me suis très vite demandé ce qui se cachait derrière cet excès d'hémoglobine. Pour y répondre, il faut remettre Spontaneous dans son contexte, car le rapport intime à l'actualité renforce notre intérêt. Pour ma part, j'y ai vu le portrait d'une génération pleine de pression et d'incertitudes face à l'avenir. C'est aussi l'âge de la fin de l'innocence et le début des responsabilités qui est posé en toile de fond. Le film traite indéniablement du deuil, du mal-être adolescent, de la finitude de chacun, de santé mentale aussi. Ce qui est intéressant, c'est que la mise en scène parvient à retranscrire un état de tension permanente, un danger insaisissable et invisible qui ne laisse aucun répit à ces jeunes. Ce n'est pas sans rappeler notre ère actuelle, remplie d'injonctions, d'interdictions et de restrictions. En effet, l'imprévu est de mise car on ignore lequel va survivre à la scène qu'on regarde. D'abord amusant, les effets gores excessifs deviennent de plus en plus insoutenables et font également penser aux attentats qui ont pu survenir dans les établissements scolaires aux États-Unis... Heureusement, les dialogues sont solides, punchy et bien joués. Bon, Katherine Langford joue toujours pareil, elle s'est juste teinte en blonde, mais ça reste correct. J'en attendais beaucoup de la fin, et je n'ai pas été déçu par sa non-résolution et sa morale crue. Il y a également des adresses directes à la caméra qui nous ramènent à la fiction et à la légèreté du teen-movie habituel. Pas sûr que le roman de base, écrit en 2016, se veuille être une métaphore sur la jeunesse en temps de pandémie mais coup de chance, Spontaneous fait son effet aujourd'hui et porte à réfléchir.