Une simili renaissance parasitée par la Smith Family

M. Night Shyamalan était un réalisateur que l’on pouvait ranger aux côtés des plus grands. Malgré un Signes peu marquant, le cinéaste avait de quoi se vanter niveau filmographie : Sixième Sens, Incassable et Le Village (après Signes). Et puis, patatras ! La Jeune Fille de l’Eau fait chuter la cote de Shyamalan. Une cote qui n’arrivera jamais à revenir au top niveau avec le raté Phénomènes et le désastreux Le Dernier Maître de l’Air. After Earth se présente donc comme l’opération de la dernière chance ! Et puis, il y avait de quoi remonter la pente : Will Smith en initiateur de projet (auteur et producteur), un budget de 130 millions de dollars, un récit SF qui regroupe bon nombre de thèmes auxquels est attaché Shyamalan (l’écologie, la foi)… Bref, After Earth était le film de sa renaissance ! Jusqu’à ce qu’apparaissent des critiques assassines de la part des médias américains. Certains le jugeant de « désastre » et même de « film le plus mauvais qui ait jamais été tourné ». Sans oublier son statut de propagande scientologue (Will Smith en étant un) que bon nombre de critiques donnent au film. Et en voyant le film, on peut comprendre. Du moins, sur bon nombre de détails.

Déjà du côté du scénario, la déception est là. En effet, un père et son fils ayant survécu à un crash sur notre bonne planète Terre désertée par l’humanité 1000 ans plus tôt, où la nature s’est développée pour nous annihiler, avait de quoi emballer le plus féru de récits de SF. Surtout en cette année 2013 qui semble mettre à l’honneur ce genre de cinéma (déjà précédé par Oblivion et Upside Down). Une histoire qui finalement ne sert que de toile de fond à ce qui semble être le véritable intérêt du film : la relation père/fils. Dans un sens, ce n’est pas plus mal, After Earth nous offrant ainsi quelques moments plutôt forts et travaillés. Mais cela met de côté toutes les idées que pouvaient nous offrir le film. Au final, After Earth n’est qu’une quête initiatique en milieu hostile. Un milieu qui n’est pas entièrement exploité alors que l’on attendait que ça ! Un scénario qui ne fait que suivre le fils dans sa survie en y intégrant des flashes-back souvent soulants et répétitifs. Sans compter que l’originalité ne semble finalement pas de mise, le tout se montrant cliché et prévisible au possible, piochant même dans d’autres films du genre (le coup de l’alien présent sur les lieux parce qu’il est « venu » avec les héros comme dans Outlander). Et puis, il est vraiment dommage de ne pas avoir de twist comme sait si bien les faire Shyamalan (Sixième Sens, Incassable, Le Village) alors qu’il y avait possibilité. Comme le fait d’apprendre que cette planète était la Terre, mais qu’à la fin (changeant ainsi le titre et retirant cette révélation de la bande-annonce), faisant un final à La Planète des Singes.

Autre problèmes du film : la trop forte présence des Smith sur le projet. C’est tout à l’honneur de Will d’être l’auteur d’un film de SF et de mettre en avant une relation père/fils. Mais en connaissant la promotion de Jaden Smith par son père pour le faire entrer dans le métier (À la recherche du bonheur, The Karaté Kid et maintenant After Earth), le film se voit autrement. Juste comme un tremplin pour Smith Jr. plutôt qu’un blockbuster hollywoodien ou pro-Shyamalan. Et quand on voit la relation des deux personnages, on ne peut que penser à celle des Smith durant le tournage, nous détachant pendant quelques instants du récit. Avec une interprétation douteuse de leur part, qui plus est ! Will Smith, immobile durant toute la durée du film, semble réellement se faire chier et se montre bien trop fade. Fini l’énergie de Bad Boys et Men in Black ainsi que le talent d’Ali et Je Suis Une Légende. Quant à son fils, c’est tout un concours de froncements de sourcils qu’il nous livre. Sans oublier son incroyable manque de charisme (détail flagrant qui se remarque aux côtés de son père) et ce même si Shyamalan tente de le valoriser au possible par le biais de l’histoire et de la mise en scène. Après, pour ce qui est des propos scientologues que dégagerait le film, je ne m’y connais pas suffisamment pour en parler.

Et c’est vraiment dommage car After Earth aurait pu être une petite remontée de M. Night Shyamalan. Franchement ! Si l’histoire n’est vraiment pas de la partie, la mise en scène n’est pourtant pas à mettre de côté. Nous sommes encore très, très loin de Sixième Sens et Incassable, ne le cachons pas. Mais avec ce film, le réalisateur prouve qu’il peut encore livrer un film. Même si le montage semble brouillon (avec ces flashes-back perturbants et des transitions constamment sur fond noir) et les effets spéciaux bien trop numériques pour la rétine, les plans du film envoûtent. Et cela, Shyamalan le doit à sa patte qu’est l’atmosphère silencieuse que l’on retrouve dans tous ses films. Si dans certains cela alourdissait l’ensemble, ici, cela permet de rendre le décor véritablement dangereux (chaque arbre et feuillage pouvant cacher quelque chose) et réaliste (les bruitages, l’ambiance sonore). Magnifié par la musique de James Newton Howard et des designs intéressants (l’intérieur du vaisseau, bien plus organique que mécanique). Après, ce silence se présente également comme un défaut à part entière, étant directement responsable de l’ennui que provoque le film. Le tout manquant incroyablement de séquences spectaculaires comme nous laissait envisager la bande-annonce (d’ailleurs, je viens de me rendre compte qu’il manque une scène !)

After Earth n’est pas un bon film, étant très en dessous des attentes. Un long-métrage qui se dit blockbuster pétaradant et qui finalement ennuie plus qu’autre chose, sans aucune originalité. Mais quelque part, After Earth n’a pas mérité cette descente par la presse américaine. Car le film révèle un espoir, celui de revoir réapparaître petit à petit M. Night Shyamalan. Le cinéaste nous livrant ici un film bien plus abordable et travaillé que ses 3 précédents échecs. La route est encore longue, on ne peut pas le cacher. Mais, qui sait, peut-être reverrons-nous un semblant à Sixième Sens ? Un Incassable 2 comme il est question depuis quelques temps ?

Créée

le 6 juin 2013

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