Un artisan, un nom, un personnage, une aventure unique. Away, de son titre original, c'est le film d'animation d'une seule personne, Gints Zibalodis. Hormis certains effets spéciaux et cie il est le réalisateur, producteur, compositeur, animateur, éditeur, ... d'un long métrage s'inspirant grandement des Studio Ghibli de la belle époque ou de l'œuvre vidéoludique de Fumito Ueda.


Plus qu'une œuvre forcément intime est personnelle, Away est une forme de mise en abyme de son metteur en scène. Perdu au cœur d'une île inconnue après ce que l'on devine être un accident d'avion, un jeune garçon se réveil et se retrouve pourchassé par une forme humanoïde géante au noir abyssal. Seul, le garçon devra par tous les moyens fuir une ombre qui n'a d'autre objectif que d'engloutir toutes âmes qui vivent. C'est un voyage solitaire à l'image même de l'aventure du film entreprise par une seule personne. Un voyage initiatique pour combattre de grandes embûches (de la vie) empêchant le garçon fictif et l'auteur réel d'avancer.


Pour son premier long métrage, Gintz Zibalodis se lance dans un conte où la métaphore symbolique et poétique du propos rencontre des moments de grâce visuelle et sonore qui plongent de spectateur dans une aventure où il pourrait bien se reconnaître. La frontière entre la lumière et les ténèbres est mince. Pour combattre cette épée de Damoclès qui pèse sur tout un chacun il faut rester sur le qui-vive autant pour la comprendre que pour réussir à la vaincre, ou du moins à l'éloigner. Cependant, l'interprétation peut être toute autre et plus dramatique, mais je vous laisse découvrir par vous même cette autre facette de l'œuvre.


Difficile d'aborder la beauté d'un film fait par une seule personne. Comme pour ces jeux indés fait par des équipes réduites, on peut y voir des défauts. Cela dit, quand il s'agit de les aborder, on ne voudrait pas que ce ne soit que cela qu'on retienne aux vues des grandes qualités de l'œuvre. Oui, dans sa conception finale le film n'est pas parfait, mais dans sa direction artistique, son contexte et dans les émotions ressenties, c'est tout simplement beau. C'est pourquoi ces quelques futilités d'ordre technique disséminées dans Away ne seront pas abordées ici.


Ce qu'il faut retenir de Away c'est sa beauté, la magie que cette aventure contemplative peut procurer à l'imaginaire, cette sensation de se sentir léger et libre. Ce qui faut c'est applaudir Gintz Zibalodis pour cette prouesse quasi solitaire et saluer le parti pris du film. Sans dialogue, Away se rapproche de ce que l'art cinématographique doit être : raconter, faire comprendre, réfléchir avec et par les images. Pour conclure, allez voir la bande annonce.

MassilNanouche
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le 2 oct. 2020

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Massil Nanouche

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