Un air de musique peut traduire bien mieux certains sentiments que mille mots. Il suffit d'une mandoline, d'un violon, d'une guitare, d'un banjo et d'une contrebasse pour vous faire voir la vie différemment. Didier et Élise l'ont vite compris pour vivre leur coup de foudre intensément. La musique est définitivement dans leur sang puisqu'ils choisissent d'appeler leur fille Maybelle, le prénom de la maman de June Carter. Mais les plus belles histoires ne durent pas car les parents apprennent que leur enfant est atteinte d'un cancer...

Deux individus a priori opposés vont s'aimer comme des fous, et c'est cette différence qui va les rendre forts et faire de leur idylle un amour passionnel. Didier est lui-même contradictoire en étant un pur athée, mais en vouant un culte à l'Amérique pour sa liberté et ses rêves toujours possibles. Élise est aussi douce qu'à fleur de peau, et tous ses tatouages ne sont qu'un blindage pour son cœur d'artichaut. Ils se transformeront en Alabama et Monroe, deux êtres nouveaux, deux personnages tragiques réunis par le chagrin. Grâce au cinéma, ils prennent une dimension quasi mythique qu'on prend grand plaisir à rencontrer.

Il est difficile de faire abstraction de la musique d'un film, surtout quand elle aussi présente que dans Alabama Monroe, et d'autant plus lorsque nous adorons le bluegrass. Mais il faut reconnaître que ce genre musical donne au récit tout son éclat, mais aussi toute son amertume. Cette country brute vous emmènera dans diverses contrées, certaines plus mélancoliques que d'autres. Mais à la fin, il ne restera qu'un sentiment : celui de la nostalgie, comme toujours.

Le réalisateur de La merditude des choses procède à un montage intéressant, car cette manière de construire un récit marche toujours avec les romances fusionnelles. Alabama Monroe marche par bribes, par passages de vie qui nous font suivre Didier et Élise dans leur magnifique aventure. Les références sont par ailleurs nombreuses. On peut d'abord penser au récent La guerre est déclarée pour son optimisme. Mais aussi Blue Valentine pour sa vision du couple aussi juste que déchirante. Enfin, on ne peut passer à côté de Walk the line pour cette figure d'un duo musical légendaire.

Cette œuvre belge se contemple comme un récit dramatique et non pathétique, car profondément intimiste. Nous partageons aussi bien les joies que les peines de ce couple haut en couleur. Le son des cordes du banjo nous donne envie de danser avec eux pour partager leur amour de la musique. Mais la vision de leur fille sur un lit d'hôpital nous ferait crier au monde entier l'injustice qu'ils subissent. Nous sommes finalement tous des étoiles qui finiront tôt ou tard par s'éteindre. Mais n'oublions pas une chose essentielle, notre lumière brillera toujours pour ceux qui désirent encore nous voir...
Hugo_Harnois_Kr
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 7 févr. 2014

Critique lue 291 fois

Hugo Harnois

Écrit par

Critique lue 291 fois

D'autres avis sur Alabama Monroe

Alabama Monroe
HugoLRD
9

Van Groeningen, le bluegrass, de l'amour et des étincelles.

Un vrai coup de coeur. La bande annonce, pourtant, ne paye pas de mine. On s'attend à un petit film sympa mais sans grande originalité. Et pourtant, c'est tout le contraire. Le film, tout en...

le 28 août 2013

97 j'aime

13

Alabama Monroe
Sergent_Pepper
7

Perdre un enfant par la main

La mort d’un enfant fait partie de ces sujets si délicats qu’en traiter revient à entreprendre l’ascension d’une planche savonneuse : à tout moment, on prend le risque de déraper. Felix van...

le 30 août 2016

71 j'aime

4

Alabama Monroe
Grard-Rocher
9

Critique de Alabama Monroe par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Didier dit "Monroe", vit en Flandre où il possède un ranch. Pas étonnant pour un amoureux de l'Amérique et de sa musique. Il joue du banjo dans un groupe de bluegrass country fondé avec quelques...

63 j'aime

39

Du même critique

Citizenfour
Hugo_Harnois_Kr
4

Critique de Citizenfour par Hugo Harnois

Wim Wenders peut aller se rhabiller avec Le sel de la terre. Vivian Maier n’aura pas eu la chance d’être récompensée pour son brillant travail de photographe à titre posthume. Aux dernières...

le 17 mars 2015

17 j'aime

2

Didier
Hugo_Harnois_Kr
8

Critique de Didier par Hugo Harnois

Qui a dit que l'Académie du cinéma ne récompensait pas la comédie lors des Cérémonies des Césars ? Alain Chabat fait mentir tout le monde en obtenant, pour son premier film, ce prix convoité par...

le 9 févr. 2014

17 j'aime