Encore un mythe détruit... Depuis maintenant plusieurs années les studios de tout horizons semblent s'être donnés pour mission de détruire tout ce qui a fait notre enfance et bizarrement dans ce domaine ils se montrent d'une compétence rare. Même un combattant passé maître dans l'art de la résistance comme Albator vient d'être balayé...
Oublié la poésie pleine de noirceur de l’œuvre originale, l'essence même du corsaire à la cicatrice est resté loin des préoccupations des faiseurs chargés de s'occuper de relancer la licence, préférant la simplicité d'écriture d'une aventure manichéenne reposant sur les principes d'un méchant parce qu'il est méchant et d'un gentil parce que le bien c'est mieux que le mal. Accordons leur tout de même la volonté de nuancer quelque peu le propos en faisan d'Albator un personnage torturé suite à une décision désespérée ayant changé sa vie à jamais en quête de rédemption prêt à tout sacrifier (je n'en dirai pas plus pour ne pas spoiler). Un passé tragique qui viendra lancé quelques pistes de réflexion vite abandonnées. Sans âmes, sans background, sans intérêt, les autres personnages à l'exception de Yama un peu plus travaillé, ne sont là que pour faire le nombre et créer l'illusion d'un monde travaillé. Reposant sur d'incessants twists indigestes et mal amenés, l'histoire sur fond de sermons à mi chemin entre l'écologie et la philosophie de comptoir ne décolle jamais (c'est con pour un film se passant dans l'espace). La narration lourdingue ne vient finalement qu'obscurcir un récit déjà fumeux et confus. La lente mise à mort du charisme de notre pirate préféré prend alors une tournure des plus désagréable.
Passer les problèmes de scénario, ni le design, ni l'animation ne suivent. Bien que sorti deux ans après le magnifique « Tintin » de Spielberg, Albator doit se contenter d''être une pseudo cinématique de jeu-vidéo de presque deux heures. Si les plans dans l'espace et les vaisseaux sont globalement satisfaisants, voir carrément beaux à certains moments, la laideur des personnages et leur animation foireuse nous pousse à nous demander ce qu'ont fait les infographistes et autres techniciens depuis la sortie de « Final Fantasy – Les créatures de l'esprit » il y a plus d'une décennie déjà. On notera également une scène de douche totalement gratuite de pur voyeurisme et sans autre intérêt mais d'une pudeur bien entendu totale, n'espérez pas apercevoir ne serait ce que l'ombre d'un téton. Quitte à aguicher et racoler autant finir par jouer les vierges effarouchés, le combo est tellement parfait. Bien évidemment pour couronner le tout les musiques insignifiantes ne valent pas le dixième des bandes originales qu'on nous a offert durant notre enfance.
C'est finalement dans sa réussite technique lors de certains passages et ses prouesses pyrotechniques que ce reboot trouve son maigre intérêt, toutefois quiconque ayant aimé les deux séries apparues autour des années 80 versera une larme en voyant l'icône d'une génération désincarné au sein d'un récit saccadé et d'un univers qui ne parvient jamais à prendre corps.