116 minutes pour une fleur entre les fesses

C'est triste de ne pas aimer un film classé dans la catégorie "comédie", on passe inéluctablement pour un pisse froid incapable de se dérider.


Mais que voulez-vous, Seth MacFarlane, Liam Neeson et Charlize Theron réunis ne me suffisent pas. Il m'en faut plus. Il me faut mieux. La comédie est le genre le plus difficile qui soit j'en conviens. Et c'est pour cela qu'il ne suffit pas de proposer une diarrhée au propre comme au figuré pour extirper un rire à sa victime.


Il faut de la classe, de la précision, de la préparation, de l'anticipation pour qu'un "pipi-caca-prout" fonctionne à blinde. Mais il faut aussi et surtout le consentement de votre proie. Et Seth MacFarlane n'a pas réussi à m'arracher ça. Et pourtant j'étais consentante. IL avait d'office ma complicité, j'avais envie de me "foutre" de tout. J'avais besoin de rire. Vraiment, besoin.


Et voyant l'affiche et le pitch de 2 lignes, je me suis lancée. Mais rien à faire : ma profonde tristesse, les nuages au dessus de ma tête, mes ennuis, mes emmerdes étaient toujours là.


Ce mix improbable de "rom-com new-yorkaise", de "teenage movie", et de "trash" transposés dans un far ouest sans âme ne prend pas. Vous allez me dire "ça en fait des ingrédients" et vous aurez raison. Le cinéma c'est un peu comme la tambouille : les meilleurs plats sont les plus simples. Et Seth MacFarlane ne fait pas dans l'épure.


Le problème majeur ? Le personnage principal : Les errances sentimentales d'Albert (digne d'un teenage movie), sa nature (genre le mec du 21 siècle parachuté dans l'ouest sauvage du 19e siècle) , son caractère (décousu et irrégulier), ses parents (inutiles et assortis de sempiternels désordres intestinaux), son élevage de moutons (dont il ne s'occupe jamais, dommage car ça aurait pu donner lieu à des situations comiques), ses références aux drogues douces ou ethniques (sans intérêt, ni raison), son ami (puceau fiancé à une prostituée au grand coeur - seuls vrais personnages intéressants de l'ensemble) qui sert de faire valoir à des gags qui tombent à plat alors que le potentiel était peut-être du côté de ce personnage éminemment plus intéressant qu'Albert...


Tout ça est mou, sans force centrifuge pour emporter le rire. Le scénario peine à expliquer et à démontrer ce qu'il devrait raconter. Les dialogues sont longs, poussifs, sans saveur, on bascule de la rom-com à la parodie en passant par l'hommage (Retour vers le futur) avec une maladresse consternante. On enchaîne les situations grotesques sans aller au bout de la mécanique. MacFarlan veut faire plusieurs films en un seul et finalement il foire l'ensemble sur plus de 116 interminables minutes .


Ce qui manque aussi dans ce film est la dimension comique des "corps". La comédie ne passe pas uniquement par les dialogues et les situations mais aussi et surtout par les corps. Ici, les acteurs ne mouillent pas la chemise. Rien dans leur physique, leurs expressions, leurs postures ou leur voix ne vient apporter cet ingrédient indispensable à toute bonne comédie.


Que serait la série des "Y'a-t-il un..." si Leslie Nielsen n'avait pas cette expressivité dans son jeu, ses mimiques, sa voix qui apportaient ce quelque chose de particulier qui n'était pas attendu ni écrit dans le scénario. Ce supplément de talent fait défaut aux acteurs et à la direction artistique de "Albert à l'Ouest'.


Pourtant les moyens sont là, on voit le budget conséquent dont le film a du bénéficier. Les images, la musique, les décors, les costumes, la pléiade d'artistes hantant les tapis rouges.... tout est là, mais il manque un vrai scénariste pour lier tout ça ensemble. Il manque aussi de l'esprit, de l'à-propos. Charlize Theron accuse sa quarantaine. Patrick Niel Harris est mal exploité. Seth MacFarlan m'a rendu triste avec ses yeux de chien battu...


J'aurais bien sorti mon mouchoir pour pleurer, mais la seule vue d'une fleur entre les fesses de Liam Neeson (qui même dans cette posture est le seul acteur à avoir un certain charisme dans ce naufrage) et les 3 secondes d'images après le traditionnel "The End" ont mis un peu de baume sur mon coeur. Mais je suis toujours triste, et là pour le coup c'est aussi un peu la faute de Seth... ou presque

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le 12 mai 2016

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