McFarlane totalement à l'ouest
Mouais. Quand on aime bien McFarlane, on pourrait croire. Mais en fait, non.
Pour faire simple, on pourrait dire que la (super) bande-annonce du film, comme toute BA qui se respecte, contient ses meilleurs passages comiques. Mais dans le cas de celle d'Albert, elle contient plutôt la majorité des rares bons (le mouton pas tondu qui fonce dans le mur, le cube de glace assassin, tous les moments où quelqu'un meurt de façon abominable et génialement gratuite...).
Ceux qui n'ont pas été convaincu par l'irrévérencieux mais trèèès inégal Ted (inconstance illustrant le mieux l'incapacité de son réalisateur à savoir quand s'arrêter) feront mieux de passer leur chemin : avec L'Ouest version McFarlane, nettement moins réussi, on est dans le quitte ou double, et plus souvent quitte que double, si l'on peut dire.
Pas particulièrement aidé par l'insipidité de McFarlane acteur et son charisme très limité, Albert est un film sans réelle saveur. Il n'est pas assez original ni intéressant en tant qu'histoire (l'ineptie du bad guy est un signe... pauvre Neeson, qu'on attendait en méchant cartoonesque comme celui joué par Kirk Douglas dans Cactus Jack !), ni très stimulant formellement (on a de l'honnêtement troussé dans l'ensemble mais totalement insipide, généralement emprunté un peu partout, quelques références au film d'aventure made in Spielberg, notamment à travers la BO de McNeely qui parodie Williams sans la moindre intelligence). Il est par ailleurs bien trop pauvre en tant qu'hommage au genre pour tenir en tant que tel (on a plutôt deux-trois clins d’œil pop-culturel sympas mais inoffensifs à HIMYM - "challenge accepted" -, Retour vers le futur 3 - Nom de Zeus ! -, une référence télévisuelle avec Bill Maher...).
Alors oui, on retrouve l'absurdité délicieusement méchante caractéristique de McFarlane, notamment dans quelques fulgurances comme la bagarre de saloon qui dégénère en massacre, ou le speech du héros sur les horreurs de l'Ouest, où il finit par donner l'impression d'être dans l'Enfer de Dante. On rira généreusement à quelques blagues débiles, comme l'entrainement au tir, qui, en pleine ère Apatow (Délire Express, Superbad...), rappelleront aux trentenaires (et plus) un peu nostalgiques la "grande" période des Alarme Fatale et consorts. MAIS un élément vient ruiner la moitié de ces efforts, son corollaire regrettable, le revers de la médaille, sa face pas suffisamment cachée : l'humour scato même pas drôle. Par exemple, la gastro de Neil Patrick Harris, les frères Farrelly ont déjà fait le coup dans Dumb & Dumber il y a vingt ans, et sa durée excessive n'arrange rien. Certes, nous sommes peu de choses, et il faut parfois savoir rire de notre honteuse condition à travers des gags parfois cathartiques. Mais euh comme dirait l'autre, là, non.
Alors jusqu'ici, on est dans du 3/10, et en étant sympa. Mais donc quid du point de plus ? Simple, il a un nom : Charlize Theron. Charlize, ou la "cowgirl" la plus historiquement sexy depuis Sharon Stone dans Mort ou Vif, de Sam Raimi (grande série B d'hommage sous-estimée, soit dit en passant). Son élégance de platine, son naturel habituel et son énergie réjouissante tant dans le registre comique que dans l'action boostent littéralement le film, et sauvent une partie substantielle de ses scènes avec McFarlane, qu'elle tire tant bien que mal vers le... disons, moins bas. De ce flop retentissant et mérité au Box-Office, elle est sans doute la seule rescapée. Et à défaut de le sauver vraiment, elle rend regardable une comédie assez bas-de-plafond. Pour le coup, on appréciera la double-lecture qu'offre le titre français, absolument minable pour changer : oui, quelqu'un est à l'ouest. Devinez qui.
Note : le 4/10 pourrait se hisser à un pénible 5/10 rien que pour le formidable "how are you so blind with eyes that big" que dit le héros au personnage joué par Amanda Seyfried (autant dire Amanda elle-même). Mais en fait, là aussi, non.