Critique d'Alex of Venice - Journal de bord Deauville 2014
Au delà du film lui même, le problème posé par Alex of Venice est celui de la programmation de Deauville, qui a favorisé les projets classiques, esthétiquement propres, mais sans audace ni ambition. Les organisateurs n'ont peut être pas eu le choix à cette époque si pauvre de l'année, mais le fait est que certains choix sont particulièrement irritants, et Alex of Venice en fait partie.
Comment donc un projet au scénario aussi faible, aussi cliché, et aussi peu original - l'histoire de la difficile réadaptation d'un foyer après le départ de l'un de ses membres - a-t-il pu trouver producteurs et financiers? Rien ne sauve ce film de l'ennuie las, dans lequel les comédiens trainent leur bouilles mélodramatiques ; pas même l'interprétation réussie de Don Johnson, ni la tentative désespérée de l'élégance esthétique, entre démonstration gratuite d'un savoir-faire technique (plans séquences) et une photographie un peu fade et mielleuse.
Il faut le voir pour le croire, un projet qui s'assume avec autant de sérieux, dans un navrant premier degré, tout en étant aussi désuet, de par son propos ou ses thèmes. Et pourtant, il est sur que par son statut de film indépendant, et par sa promesse d'une sensibilité d'acteur (Chris Messina réalise), le film connaitra surement un succès public. Il ne restera alors plus qu'à, comme son personnage principal, noyer son chagrin dans une cocktail d'alcool et d'extasy.