Men, all men, reach and fall (Ultimate Cut)

On commence par la fin. Alexandre, entouré de ses diadoques dans l’attente de l’annonce d’un successeur, vit ses derniers instants. Puis, bond en avant de quarante ans et début de la narration par Anthony « Ptolémée » Hopkins.


On l’écoute alors, nostalgique, se rappeler les exploits de la vie d’Alexandre. Et le bonhomme parle bien. « Did such a man as Alexander exist ? Of course not. We idolize him, make him better than he was ». Et à l’instar de ces paroles, on attendait du film qu’il soit à la hauteur du personnage, d’où la déception suite au visionnage de la version ciné. Mais là, c’est l’Ultimate Cut.


Alors nouveau saut de 45 ans en arrière (oui encore, la chronologie est déstructurée et c’est tant mieux) et on arrive aux plaines de Gaugamèles. Et qui dit plaines de Gaugamèles dit bataille du même nom. Sauf qu’après 2 sauts dans le temps, on s’attend bien évidemment à un troisième afin que l’époustouflante bataille soit situé plus tard dans le film. Mais non. Après 20 minutes de visionnage, Oliver Stone nous en met plein la vue. Alors certes, après le Troie de Petersen (Director’s cut, on fera fi de la bouse qui sert de version ciné) et le Gladiator de Scott (Director’s cut également, fuyez les versions des producteurs des Péplums) on s’était habitué à du très bon, mais sans réussir à égaler ses prédécesseurs Stone nous sert tout de même une partition vraiment correcte. Pour conclure cette séquence avec une brève visite des blessés, et le poignant achèvement de certains.


*Et ce sans s’encombrer de la scène pré-bataille du conseil d’Alexandre et ses généraux, où Stone nous perdait plus qu’autre chose avec tous ses visages à retenir.


Puis, enchaînements de sauts dans le temps. Introduction des géniteurs, scène bien lourde de l’apprivoisement de Bucéphale (déjà d’où tu laisses ton gamin rachitique de même pas 10 piges grimper sur un cheval sauvage sur lequel tes soldats bien balèzes se sont cassés les dents), entrée dans Babylone rappelant les plans du Cléopâtre de Mankiewicz (en moins gracieux), les sympathiques noces barbares, quelques prises de tête entre généraux et autres manigances & trahisons, le film suit l’ascension puis le déclin d’Alexandre pour finir en apothéose sur la bataille de l’Hydapse (dernière bataille significative de l’armée d’Alexandre).


Puis, épilogue. Descente progressive aux enfers, ça traîne peut-être un peu mais ça reste dans l’ensemble efficace (quoique lors de la mort du monarque Stone en fait des caisses, il aurait gagné à être plus sobre).


Mais des défauts viennent entacher le tableau.


Dest statues en carton-pâte, la surutilisation de fresque pour appuyer ses arguments, une réal qui pique parfois les yeux et peu subtile ou encore les écarts significatifs entre l’Histoire véritable et le récit de Stone font que les 3h26 de film se font sentir.


Le besoin incessant que le réalisateur ressente de nous prendre par la main (ou pour des cons, au choix) en datant systématiquement les différentes scènes devient lassant voire même énervant. Et le summum est atteint lorsqu’il vient expliciter les différents flancs de l’armée macédonienne lors des batailles afin de ne pas perdre le téléspectateur. L’autre possibilité aurait peut-être juste été de faire quelque chose de plus fluide, subtile et explicite qu’un gros bordel.


Pis j’ai toujours trouvé un peu pathétique ces discours enflammés lors de la revue des troupes pré-batailles. Y’a 50 000 bonhommes, et avec le boucan des sabots et des armures, on veut nous faire croire que le discours d’Alexandre « résonne dans l’éternité » (double headshot, prends-toi ça Gladiator) et est vraiment galvanisant pour les troupes.


Et au vu de la vie passionnante de la vie d’Alexandre, on aurait pu espérer mieux. Notamment en ce qui concerne les batailles, constituant la majeure partie de sa vie, on peut se sentir un peu en reste (une de plus n’aurait pas fait de mal) et surtout l’intérêt et la puissance des phalanges macédoniennes est sous-exploitée (et la technique du marteau et de l’enclume même pas évoquée).


M’enfin.


Bercé par la voix de Hopkins, séduit par les quelques belles images, entraîné par l’âme épique du film porté par un tout à fait correct Colin Farrel, lui-même épaulé par des seconds rôles solides (Jared Leto en tête) je reste persuadé que l’œuvre revisitée mérite une nouvelle chance.


Et ferait presque oublier la première version (à laquelle j’avais d’ailleurs mise un cinglant 4/10).


8/10

Bushman
8
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le 7 oct. 2018

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