Aux antipodes de la vision Disney-ienne du roman de Lewis Carroll, Alice porte les traits caractéristiques d'un Jan Svankmajer en grande forme. Une adaptation fidèle qui explore le versant obscur d'un univers que l'on a connu autrement plus merveilleux, et qui s'offre comme un beau répertoire des techniques et thématiques de l'artiste-animateur. Une narration dépouillée se déroule implacablement et emporte son spectateur dans un tunnel fantastique passablement embrumé et mortel. Une technique comme l'alliance de prises de vues réelles d'une Alice perdue dans un monde de miniatures où le jeu sur les perspectives, les décors détaillés avec un soin maniaque, l'animation image-par-image crée un univers de tous les possibles. Mais la grande réussite tient dans cette tonalité morbide bien particulière qui résonne de façon magistrale dans l'univers du roman. Naviguant constamment entre surprises et ruptures, c'est tout un fond angoissant et foisonnant qui prend littéralement vie. Cet homme est un grand malade !