Ce film parle de la politique en France aujourd'hui en choisissant la voie de la comédie et en se gardant à bonne distance de la dérision et de la dénonciation. C'est assez rare et mérite d'être salué au passage. La critique qu'il distille se montre plutôt affectueuse et les personnages ne sont ni méchants, ni grotesques. Il en résulte un gentil film qui s'avère souvent amusant et jamais dramatique. Il est servi par un casting impeccable qui réunit deux acteurs (Anaïs Demoustier et Fabrice Lucchini) associés à des seconds rôles intéressants (surtout la cheffe de cabinet, Léonie Simago qui met un physique de femme fatale au service d'un rôle de femme à poigne, et l'écolo allumée, Maud Wyler).
Au-delà du plaisir de passer un bon moment dont il convient de remercier l'équipe, on s'interrogera sur la pertinence de la vision de la politique véhiculée par ce film. Bien qu'écrits par des personnes de toute évidence cultivées, le scénario et les dialogues mettent en branle une machinerie anti-intellectuelle qui conduit à opposer l'action et la réflexion. Ce maire de grande ville " en panne d'idées " est un homme déprimé qui fait appel à un coach pour retrouver son équilibre. Pourquoi engage-t-il une jolie jeune normalienne plutôt qu'un gourou du genre de cet affreux Patrick Brac qui lui a vendu un projet fumeux pour le marketing de la ville ? C'est un bon choix pour la fiction, mais ce n'est pas très réaliste. Osons avancer, à l'heure de l'hégémonie des médias, que la conquête et l'exercice du pouvoir ne se ramènent pas à " avoir des idées et à les vendre ". L'accent porté sur la communication dans le film, s'il montre avec justesse le mode de fonctionnement frénétique de la "com" avec l'équipe de jeunes qui s'y épuisent, ne traite que de la partie visible de l'action d'un maire de grande ville. Réduit à cette dimension, celui que décrit Nicolas Pariser, malgré la révérence évidente que ce dernier semble avoir pour le Parti Socialiste et sa méfiance à l'égard des écologistes, fait de son héros un pantin et de sa philosophe une ingénue. C'est ce qu'on appelle "marquer contre son camp".