Amen. est un drame Franco-germanique réalisé par Costa-Gavras, coécrit par Jean-Claude Grumberg, d'après la pièce Le Vicaire (Der Stellvertreter) de Rolf Hochhuth... qui met en scéne pendant la Seconde Guerre mondiale, un officier allemand de la SS, chimiste fournissant les camps en Zyklon B, Kurt Gerstein (joué par l'excellent Ulrich Tukur) qui cherche avec l'aide du père Ricardo Fontana (joué par Matthieu Kassovitz... très bien) un jeune jésuite prometteur (qui a lien de parenté avec un Cardinal (joué par le toujours très bon Michel Duchaussoy) et conseiller auprès du nonce apostolique en poste à Berlin, qui cherche à alerter le Vatican du génocide dont les Juifs sont alors victimes... et tout particulierement le pape Pie XII (joué par Marcel Iures)... mais en vain... Car le jeune jésuite finira a Auschwitz ou il trouvera la mort et l'officier Allemand sera inculper de crimes de guerre par les Alliés à la fin de la guerre... Tandis que le Docteur (joué par l'excellent Ulrich Mühe) le médecin commandant du camp d'extermination, « bon catholique », qui fera jouer ses relations au Vatican et obtiendra par leur intermédiaire un visa pour l'Argentine...
Directement inspiré de la pièce de théâtre Le Vicaire de Rolf Hochhuth, le film en reprend la dénonciation de l'attentisme qu'il prête au Vatican dans l'holocauste perpétré par le régime nazi. La version présentée par Costa-Gavras a été très critiquée et sa fidélité à l'histoire n'a pas été seulement contestée que par l'Église catholique.... En effet Pie XI avait condamné le nazisme au mois de mars 1937 dans l'encyclique Mit brennender Sorge... Laquelle, rédigée exceptionnellement en allemand et non pas en latin, avait été lue à la messe dans toutes les paroisses allemandes, était l'œuvre du secrétaire d'État du pape, le cardinal Pacelli, futur Pie XII. Pie XI avait également condamné la thèse de l'inégalité des races dans un syllabus de 1938... Mais cependant, Costa-Gavras met cependant plus l'accent que le dramaturge allemand sur la passivité également coupable des puissances Alliées, en particulier les États-Unis, dont l'ambassadeur à Rome est présenté comme un lâche qui se retranche derrière la passivité du Vatican, et qui refuse toutes les demandes de Ricardo Fontana pour faire détruire les camps par l'Armée américaine ou même pour faire jouer les moyens de propagande des Alliés afin d'avertir le peuple allemand du sort réservé aux Juifs à l'Est...
Par contre, il est vrai que le Vatican a beaucoup aidé a l'exil de nombreux dignitaire Nazis vers les USA ou l'Argentine (exemple ; Franz Stangl, commandant de Treblinka, Gustav Wagner, commandant de Sobibor, Alois Brunner, responsable du camp d’internement de Drancy, Adolf Eichmann, haut fonctionnaire du Troisième Reich et Dr Josef Mengele médecin du camp de concentration d'Auschwitz... personnage qui a dut inspiré celui interprété par Ulrich Mühe) et le pape Pie XII sur la période raconté, n'a fait aucun commentaire, ni condamnation sur les crimes nazis à l'égard des Juifs...
Le grand retour de Costa-Gavras qui après deux œuvres mineures (La Petite Apocalypse une comédie raté... et Mad City un réquisitoire moyen sur les médias), signe un film réquisitoire très efficace et nous fait découvrir deux grands acteurs Allemand Ulrich Tukur (un acteur et musicien qu'on reverra dans Le Couperet) et le formidable Ulrich Mühe (Funny Games de Michael Haneke) qu'on reverra dans le superbe La Vie des autres de Florian Henckel von Donnersmarck.