Pour sa première mise-en-scène, Ewan McGregor s'attaque à du costaud : l'adaptation longtemps repoussée par Hollywood du roman de Philip Roth, restée plus de douze ans dans les tiroirs. Et plus qu'une réussite, American Pastoral est de ces films où la petite histoire écrit la Grande, où les atermoiements des protagonistes sont le reflet d'une Amérique coincée entre deux générations extrémistes qui s'échinent à avoir le dernier mot.
Mais ne cédant pas à la facilité, Ewan ne fait pas une satire agressive, un portrait au vitriol des années 60/70. Son film est une chronique lancinante, amère et désabusée. Les personnages, fixés sur leurs idées/idéaux n'auront de cesse que de s'entraîner mutuellement vers leurs pertes.
Avec beaucoup de justesse et de passion, il campe l'Américain-rêvé qui voit sa vie détruite et toute sa vie voudra récupérer les morceaux. Jennifer Connelly est parfaite en trophy-wife brisée, Dakota Fanning s'en s-s-s-sort t-t-t-très bien, mais la révélation du film c'est Valorie Curry. Tétanisante de stupre et de malice, elle porte sur ses épaules ( plus exactement entre ses cuisses ) la meilleure scène du film !
J'ai évidemment un bémol à apporter, autrement je ne serais pas un critique digne de ce nom : je trouve la narration inutilement emmaillotée dans un cocon facile : les scènes avec David Strathairn ne mènent à rien et encombrent le film de guillemets sans intérêt. En dehors de ça, bravo, Obi-Wan. T'as géré.