American Sniper par Spider-Dam
Ma critique contient des spoilers.
Dire que j'attendais beaucoup ce nouveau film du grand Clint Eastwood est un euphémisme. Mais si le long métrage possède des qualités indéniables, il possède également bon nombres de défauts.
Pour commencer, la guerre est filmé avec brio par Eastwood. Le conflit parait réel. Certaines scènes sont très violentes, et traitent de sujets difficiles (torture de civils, exécution d'enfants...). Les scènes de sniper sont la réussite du film, et ce grâce à la tension constante qui se dégage des échanges : chaque balle tirée par le héros paraît lourde (notamment grâce au montage sonore). La scène de combat final, bien que romancé pour passer mieux à l'écran, est très bien pensée. De plus, le dilemme moral et les enjeux apportés par certaines de ces scènes (notamment la scène où Chris Kyle doit abattre un enfant) nous conduit à nous poser des questions après la séance. Toutefois, ces scènes sont au final assez peu nombreuses.
Le personnage de Chris Kyle, en plus d'être parfaitement interprété par Bradley Cooper (Oscar du meilleur acteur?) est une réussite. On ressent réellement la déshumanisation de l'homme tout le long du film, et certaines scènes se révèlent réellement poignantes (un enterrement très fort au milieu du film). De plus, il possède un némésis intéressant, sa contre partie parfaite, qui nous permet d'appréhender le personnage sous un nouvel angle.
Les différentes références à la pop culture, qui en disent long sur l'état d'esprit des différents soldats, m'ont également bien plus (notamment la référence à la violence des comics Punisher, dont les soldats n'ont pas peur d'arborer l'emblème).
Malheureusement, quelques défauts font chuter l'ensemble.
En premier lieu, l'absence d'indications temporelles m'a gêné. Aucun moyen de connaître la durée de chaque séjour Opec, si bien que l'on passe d'une permission où Chris Kyle voit naitre son fils, à une autre où le garçon doit avoir dans les cinq ou six ans. Si l'on connait la durée des quatre séjours à la fin du film, nous ne sauront pas la durée de chacun d'eux.
De plus, si Sienna Miller est impeccable dans son rôle de femme déboussolée, les passages où Chris est avec sa famille sont les moins bons du film. La répétition d'une certaine scène (dispute entre la femme de chris qui ne comprend pas le choix de son mari) plusieurs fois rend les passages assez long, alors que le contexte aurait pu être plus exploité. A aucun moment on ne verra Chris Kyle avec sa famille, et on a au final l'impression qu'il n'est jamais présent.
Il y a également quelques petits défauts ici est là. J'ai regretté par exemple que la période post Irak soit si courte. : on ne ressent pas assez les conséquences de la guerre sur l'homme et sa réinsertion dans la société. Quelques début d'intrigues se révèlent assez succinct : l'arrivée du frère en zone de guerre dont on entendra plus parler, l'enfance du héros traitée trop brièvement, ... Quelques passages qui semblent au final assez anecdotiques.
Par contre, les dernières minutes sont une réussite. Après avoir vu le personnage enfin apaisé, un plan final très lourd en signification fait son apparition. Le générique, monté avec des images réelles, est alors très fort, et installe un certain respect dans la salle : plus un bruit d'aucune sorte. Une fin très puissante.
American Sniper est un bon film sur le conflit en Irak. Mais, si Clint Eastwood n'a pas à rougir de son film, il n'est certainement pas le meilleur du réalisateur. Un long métrage passé à deux doigt du chef d’œuvre.