Retraçant le parcours chaotique de l'icône jazz partie trop tôt, le réalisateur Asif Kapadia s'efforce avant tout d'ouvrir grand les portes sur la femme et sa psyché bouleversée, d'où le titre (sobre) qui ne cache pas son approche intimiste de Amy Winehouse.
Une fois qu'on traverse le paravent translucide créé par la sphère médiatique ou l'imaginaire collectif rattaché aux vedettes, que reste-t-il ? Un individu avec son passif, son univers et ses zones troubles. Comment ne pas se sentir empathique puisqu'on en est tous là une fois qu'on a fini de gratter le vernis pailleté de l'illusion manufacturée ? Amy, c'est un destin qui s'est écrit, parlé (et chanté bien sûr) à plusieurs voix : des tonalités les plus légères aux lancinantes plaintes les plus graves, des ami.e.s parti.e.s aux amants perdus en passant par la famille dispersée. Sans oublier la sienne.
Pour peu qu'on ait été transporté et bouleversé par les titres (clairement autobiographiques) Back to Black ou Rehab, le documentaire fonctionnera aisément comme le condensé d'une vie où la chandelle fut consumée par les deux bouts. En contrepartie, ceux qui ont suivi l'aventure contée dans les chansons et les mésaventures dans les médias n'apprendront guère plus que ce qu'ils savaient déjà.
Le dispositif instauré par Asif Kapadia (superposant archives et témoignages de familles ou des amis aux chansons de la diva) permet d'élargir au maximum le panorama sur son héroïne, et finit avec le sentiment horrible d'une vie perdue dont l'héritage mérite incontestablement une...réhabilitation.