Alors que depuis les années 30 les princesses défilent une à une à l'effigie de la grande aux belles oreilles, voilà que 20th Century Fox tape du pied. A la table ronde, les farouches concurrents brûlent des oreilles de Mickey sous la cheminée pour faire réchauffer la salle de réunion. Quand l'un d'eux, Don Bluth, rangera sa boite d’allumettes dans la poche afin de proposer pour ainsi dire ce qui sera à la fois la pire insulte et la meilleure éloge... L'idée reçue consistant à dire que leur prochain film d'animation... Est un Disney.
Quoi ce n'est pas un Disney ? Mais non ?
Une proposition de cinéma qui souhaite assumer sa posture d’imitateur . Beh oui, ce film par instant semble être une vaste blague, un clown sur pellicule par excellence. Emprunter les codes des grands classiques Disney ; conter la (re)naissance d'une princesse, le tout pleinement saupoudrée de musiques et de beaux petits animaux choupis, d'accord je veux bien... Cependant il faut une réalisation qui tienne la route derrière.
L'antagoniste, contre-façon affligeante de Jafar, et nette insulte à sa référence Maléfique, est affreusement mal accordé à la structure narrative. Il se retrouve comme dans une autre dimension, je ne serais vraiment dire. Il semblerait presque que les designers de Raspoutine ait développé une histoire sans jamais s'entretenir avec les autres dessinateurs/créateurs du film d'animation. Et pourquoi diable, il y a t-il ces insectes abominables... Avec des mains, des doigts, eux qui s'improvisent troupe de cabaret russe, parce que le cahier des charges l'impose ? Si, si Disney fait cela, faut le faire !
Bref. Hormis ces détails, le scénario manque terriblement d'intensité, et les enjeux sont systématiquement contrecarrés au profit d'un humour débile et grotesque servi par l'antagoniste. Alors on termine le film et.... On s'en fout. On se contre-fiche finalement de ce grand retour à la royauté de cette pauvre et insignifiante princesse, qui n'a semble t-il, aucun mal à s'adapter au monde particulier de la bourgeoisie... Beh voyons. Même la série d'animation Princesse Sisi de la même époque sera bien mieux réalisée.
Que pouvons-nous ajouter de plus : un univers visuellement fade, une très mauvaise gestion des couleurs, puis des personnages cauchemardesques. Cette chauve-souris REALLY NIGGA ?
Un ingénieux travail sur l'animation des protagonistes ?
Bon voilà. C'est regrettable. Parce que Anastasia avait un franc potentiel qu'on aurait du mal à imaginer. Le travail sur l'animation des corps en mouvement est étrangement bluffant de réalisme. Qui sont ces dessinateurs ? Je n'avais vu cela sur aucune princesse Disney très sincèrement. Les gestes, les mouvements particuliers de la princesse, comme de son partenaire d'ailleurs, sont très agréables à voir, réfléchis et ingénieusement bien pensés. Les interactions ambiguës entre les deux bigorneaux sont, qui plus est, si... Modulables, offrant une grille de lecture pour des enfants, et une autre pour des adultes. Très appréciable. J'en fait notamment référence aux scènes du train. C'est très intéressant.
Autre appréciation ; moi-même partisan du numérique couplée à l'animation traditionnelle [Hercules et l'Hydre de Lerne love. Love. Love.], je dois dire que j'ai apprécié la montée des escaliers avec une simulation d'un léger travelling en plongée... Mais POURQUOI DIABLE cela dure t-il trois pauvres secondes ? C'était beau ! c'était artistiquement intéressant... Beh non. Prout ! Finalement c'est gâché et plutôt laid.
Et finalement...
Pauvre Anastasia, une oeuvre bien trop irrégulière, qui aurait pu tout de même s'émanciper de quelques composantes qui font l'identité de Disney, ce pour se positionner autrement. Proposer un conte de fée avec un registre un tantinet plus sérieux et un ressors dramatique plus convaincant. Finalement c'est le défis que réussira la série d'animation La Princesse Sisi. La Fox ne récidivera pas visiblement. On tenait pourtant quelque chose j'ai presque envie de dire...